1. Une vie moderne


    Datte: 18/09/2017, Catégories: cérébral, Masturbation fgode, portrait,

    ... existence. Mais certains soirs, cérémonieusement, elle sortait le magasine de son repaire, fonçait sur le témoignage de Muriel, le dévorait, l’ânonnait d’une manière incantatoire, éteignait alors la lumière et s’abandonnait aux plaisirs solitaires, la face droite de son visage plaqué contre son oreiller rose, sans émettre le moindre bruit, pour ne pas s’entendre déraisonner et pour ne pas être éventuellement surprise par les voisins, toujours à l’écoute des autres, bien entendu. Muriel attendait depuis trente bonnes minutes la venue de Christiane. Elle feuilletait machinalement un catalogue de vente par correspondance lorsqu’elle s’arrêta sur les pages "Bien-être du corps". Là, paradait en toute simplicité, unstimulateur tonique musculaire, dont la forme la laissait perplexe quant à l’utilisation que l’on pouvait en faire d’après la publicité. Muriel rougit. Sa gorge était sèche. Ses mains étaient étrangement moites. Ses cuisses devenaient brûlantes, ses jambes tremblaient. Elle prit une terrible décision. Christiane finit par arriver, joyeuse et exubérante : — Eh bien Mureille, ça ne va pas ?— Si, si… ça a l’air d’aller toi ?— On doit aller, avec Philippe, dans une pizzeria ! Christiane raconta en détail son Philippe. C’était un homme du même âge qu’elle, qui travaillait au service financier de son entreprise. Il lui avait parlé plusieurs fois, à la cafétéria, et plusieurs fois il lui avait proposé cette sortie. Elle avait fini par accepter. Ce soir… — Et alors ?— C’est un ...
    ... homme bien. Muriel fut instantanément jalouse, non pas parce que Christiane avait trouvé – enfin… peut-être trouvé ! - un homme qui s’intéressait à elle ou bien, parce que, de fait, elle pouvait probablement rompre - au moins temporairement ! - avec le terrible statut de célibataire, mais parce que Christiane prenait, dès à présent, et grâce à ce fait, et quelle qu’en soit l’issue, indéniablement le dessus sur elle dans leurs expériences respectives des relations interindividuelles et donc, ce qui était sans doute pire que tout, dans les orientations de leurs conversations futures. Christiane pourrait revendiquer maintenant une expérience « intime » que Muriel ne possédait pas. Dans leurs relations, Christiane pourrait toiser Muriel de haut, elle pourrait jouer, lorsque les sujets de leurs conversations glisseraient vers un terrain moins professionnel, au professeur détenteur d’un savoir auquel on ne peut qu’aspirer. Combien de mois séparaient Muriel de sa décision ? Elle ne pouvait le dire exactement. Dix-huit ? Vingt-quatre ? Dès qu’elle recevait le fameux catalogue, elle se jetait sur les pages "Bien-être du corps" et cherchait avec angoisse et culpabilité l’appareil tonique dont elle avait fait, au fil du temps, un véritable objet de culte. À sa vue, elle était excitée, soulagée par la présence permanente de l’objet mais terriblement chagrinée. La réalisation de son projet, constamment différé, tenait tout entier dans ce dilemme. Toute sa raison était mobilisée, non pas ...
«1...345...10»