1. Trois petits textes...


    Datte: 18/01/2020, Catégories: volupté, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme nonéro,

    ... s’interdit ainsi de nouveaux péchés d’envie. Puis, n’y tenant plus, elle a dû se lever avec précipitation, pour aller payer à la caisse et se sauver. Perdu dans mes pensées, suivant mentalement les pas de ma rousse imaginaire aux lèvres pulpeuses, je n’ai pas vu le garçon arriver. Prestement, il m’arrache le verre des mains, emportant sur son plateau… mon rêve. — Et pour monsieur, ce sera ?— Heu… Un café… serré… Dites, elle était comment la jeune femme qui était là, avant moi ?— Hein ? Quelle jeune femme ? C’était la patronne du sex-shop d’à côté, elle doit bien avoir soixante balais ! ricane bêtement le loufiat. Alors qu’il époussette rapidement la table d’un geste expéditif, mes yeux cherchent à accrocher une silhouette entraperçue quelques dixièmes de secondes : une grande rousse au tailleur écossais rouge qui a été absorbée par la foule comme mon rêve vient de l’être par le coup d’éponge du garçon. D’abord, je ne l’avais ni vue, ni entendue. Elle devait être très discrète, dans son coin. Elle était pourtant attablée à quelques pas de moi. Je m’étais installé à la terrasse et jouissais du spectacle coloré de la rue quand, au milieu des bruits un léger reniflement a éveillé mon attention. Au début, au tout début, je n’y ai pas pris franchement garde, ni fait attention. Un reniflement ! Qu’est-ce que cela peut bien être, un simple reniflement ? Un consommateur enrhumé, un rhume des foins, un vieillard cacochyme… Mais, lorsque le reniflement s’est fait plus régulier, ...
    ... accompagné de petits chuintements, alors mon oreille s’est vraiment dressée. Elle a cherché à capter l’origine du bruit incongru, en ce milieu d’après-midi, à cette terrasse de café. Elle était là, à deux petites tables de moi. Les cheveux bruns, défaits, qui pendouillaient au-dessus de sa tasse à café. Une main serrée sur un mouchoir, roulé en boule, qui tamponnait le nez, au bout rouge et irrité. De temps à autre, le mouchoir remontait sur les yeux. L’autre main jouait avec la tasse, lui faisant faire de petits cercles sur elle-même. Je ne voyais ni sa tête, penchée, ni son corps, recouvert d’un long manteau. Sous la table, ses jambes croisées étaient nerveuses et son pied ne cessait de battre une mesure imaginaire, impatiente et rapide. Je la fixai un instant du regard. Puis je me détournai, par discrétion et par énervement d’un chagrin débordant et ostensible. Je ne voulais pas que mon après-midi de détente soit obscurcie par cette chouineuse. Mais son bruit, saccadé et répétitif, m’empêchait d’apprécier le spectacle de la rue. Et son chagrin était de plus en plus fort. Les reniflements, loin de s’espacer, s’enchaînaient à une cadence infernale. Derechef, ma tête pivota vers elle. À la fois par automatisme et galanterie, je plongeai la main en poche et, du bout des doigts, lui tendis mon mouchoir plié au-dessus des tables qui nous séparaient. — Tenez ! Il me semble que le vôtre est trempé ! Elle leva la tête. Elle avait deux grands yeux gris, rougis par les larmes et barbouillés ...