Eros et Thanatos - Histoires de Sexe

Eros et Thanatos

... attention de ne pas trop m’approcher. Tu parles, un vieux cochon comme moi. Qui prend son temps pour passer. Parce que cette idée de fou me redonne le courage de tenir. Je n’ai pas envie de me laisser aller avant d’en trouver une qui serait d’accord. Ça devait être plus facile autrefois avec les guérisseuses et les soignantes. Elles avaient tout un attirail pour se protéger des avances et des regards des hommes. Mais dès qu’elles se débarrassaient de leur manteau ou de leur cape, leurs tétines étaient bien visibles dans leur corsage aguichant, avec une belle fente au milieu. La vie bourgeonnait au balcon, et tout le monde pouvait profiter du printemps. Maintenant, à la place de soignantes et de pleureuses, je reçois la visite d’accompagnatrices en soins palliatifs. Il paraît qu’on peut tout leur dire. Elles sont formées pour partager les moments difficiles de la vie. Moi je n’ai rien d’autre à partager ici et ce n’est pas ce qu’elles veulent entendre. Elles ont des sourires qui attendent que le lit se libère. Je suis sûr que c’est ce qu’elles pensent. Et puis, elles sont toutes fripées, pétries de sentiments de devoir et de résignation, comme ma mère. Alors je fixe leurs nénés bien cachés sous leurs habits, pour les faire enrager, comme si je voyais au travers. Elles tapotent mon oreiller, puis s’enfuient en vitesse. Je m’en fiche, je préfère être seul de toute façon. Et dormir. Mais si elles ne viennent plus, je ne vais pas pouvoir me retenir encore longtemps de glisser. ...

... Ça me donne des forces de les faire enrager. oooOOOooo — Bonne nouvelle, les filles, on a du renfort ce matin. Je vous présente Calixte, qui nous vient directement de la Martinique. Elle remplace Marie, en vacances pour dix jours.— Bienvenue au club. Mais enceinte comme tu es, tu risques d’avoir des problèmes avec certains patients. Tu crois que tu peux encore les soulever pour les changer ?— J’ai l’habitude, doudou… c’est partout la même chose.— De toute façon, elle fera la première tournée avec Karin.— En échange, elles nous prennent la chambre vingt-trois, j’espère…— Toujours fâchée avec le pauvre bonhomme, Fabienne ? Comment va-t-il depuis hier ?— Il est pratiquement dans le coma. T’as prévenu les accompagnatrices ?— C’est fait, ma belle. Pour le prêtre, je m’en occupe de suite. Allez, au boulot… oooOOOooo Je suis si fatigué, ce matin, je n’arrive pas à émerger. Tiens, grande première, je sens un corps chaud à côté de moi. Ça doit être une nouvelle. Je ne reconnais pas son odeur. C’est doux de sentir sa main contre mon front. — Vous avez mal ? Réveillez-vous, monsieur, regardez-moi. Si j’ai mal ? Je crois, oui. Mais autrement, moins têtu. Je fais signe que non. Elle dit que je ne dois rien lui cacher. Ça recommence, elles se sont données le mot. J’essaie de tourner la tête pour qu’elle me fiche la paix. Elle me retient. — Oh, le grand timide ! Il tourne la tête comme un gamin boudeur. Je vous fais peur ? Ce n’est pas la couleur de ma peau qui vous dérange, au moins ? ...