1. Une fille à croquer


    Datte: 28/03/2020, Catégories: fh, copains, préservati, pénétratio,

    ... Enfin elle cesse de bouger dans tous les sens, totalement indifférente à l’émoi qu’elle vient de susciter. J’ai chaud ; j’ai dû perdre un quart de litre de sueur ! Je rouvre mon carnet, saisis mon feutre et me tourne de trois-quarts de profil, étudiant scrupuleusement la courbe de sa nuque. La naissance d’un tatouage pointe à la limite de son débardeur, au-dessus de ses omoplates. Ses épaules sont osseuses alors que ses bras semblent plutôt musclés. Ils ont néanmoins cet arrondi féminin charmant. Elle est trop loin pour que je puisse bien voir le grain de sa peau. Tim pousse enfin la porte du bar. Ce grand dadais est facilement repérable avec ses boucles blondes qui lui tombent sur les yeux. Il arbore sur la tête des lunettes de soleil rondes et roses parfaitement inutiles. S’il pouvait se tenir droit et bomber un peu le torse au lieu de se voûter ainsi… quel gâchis ! Hé, mais c’est qu’il se laisse pousser la barbe, le bougre ! — Tu n’as pas idée de l’enfer que tu m’as fait traverser pour venir ici, commence-t-il à se plaindre.— Tais-toi donc et profite du concert, ou de ce qu’il en reste. Ça te va bien, dis-je en tâtant sa pilosité faciale naissante. Ça fait moins jeunot. Il décoche un petit sourire qui ne dure pas. Tim noie son chagrin d’amour dans le bachotage des concours d’entrée dans les écoles d’art. Il ne peut pas s’ôter Élise de la tête. Chaque fois qu’elle s’affiche en photo sur les réseaux sociaux, il est au fond du gouffre. — Arrête de jouer les mamies alors que ...
    ... tu n’as pas encore trente ans. Bon alors, ces dessins, tu me les montres ? Je lui tends mon carnet de gribouillages amateurs sur fond de papier recyclé. Tim le feuillette avec mille précautions respectueuses, comme s’il s’agissait d’une relique fragile. — Putain, mais ton prof est complètement con ! Les commentaires qu’il te met… Ça sent le gars saqué qui veut saquer les autres à son tour.— C’est pour m’encourager… Ça ne fait que quelques mois que je reprends le dessin.— Tu parles, ça se saurait si mettre des 2/20 pour foutre une marge de progression encourageait les gens.— Tim, ton langage !— M’en fous. Je te dis ce que j’en pense. Un bon prof se contente de commentaires à l’oral, pour un ensemble de crobars, de pointer ce qui est beau par des croix. Écrire dans un carnet, c’est… c’est si intrusif ! Je comprends ce qu’il veut dire. J’ai toujours dessiné dès que j’ai été en âge de tenir un crayon, tout le temps, partout, dans les marges de mes cahiers, sur des feuilles volantes, dans des carnets… À l‘adolescence, j’ai noirci des tonnes de papier de toutes mes peines et mes joies, des productions hautement intimes. Mais là, c’est bien différent de dessiner pour soi-même : il s’agit de dessiner sachant que l’on sera regardé. — Bon tu bois une bière à ma santé ? s’enquiert Tim. Mes nouveaux antidépresseurs fonctionnent du tonnerre !— Toujours pas. Tu sais bien que l’alcool me donne la gerbe— Pfff, tu ne connais donc pas la joie, l’euphorie, la gaieté d’être pompette, de faire des ...