Un futur grisâtre - Partie 2
Datte: 10/05/2020,
Catégories:
Collègues / Travail
uniforme,
bizarre,
policier,
sf,
... soupirant. Ils entrèrent dans le bureau du commissaire, un endroit étrangement propre et rangé dans cet univers sale et en ruines. Un parfum léger et doux flottait dans la pièce et y faisait régnait une atmosphère printanière. L’officier de police était nostalgique de la belle époque, et il se fournissait de l’autre côté du mur où il achetait des purificateurs d’air et des climatiseurs parfumés hors de prix. Le médecin en terminait avec sa patiente lorsqu’ils entrèrent. — Vous avez fini ?— Oui, mais malheureusement je ne peux pas faire grand-chose. Son nez est fracturé et je n’ai pas le matériel nécessaire pour le remettre en état. Il faudra certainement l’envoyer derrière le mur.— On essayera de lui procurer un laissez-passer. Laissez-nous maintenant. Non sans déception, il risqua un regard vers Judith. Mais les yeux de la femme étaient si inexpressifs qu’il baissa la tête et quitta la pièce. Le commissaire et Judith s’assirent en face de la jeune fille. Elle avait le visage rougi par le sang et les yeux gonflés par les larmes. Elle sanglotait toujours et se tordait les doigts sur les genoux. D’une voix qu’il espérait douce et compatissante, le policier prit la parole : — Vous pouvez nous raconter ce qu’il s’est passé ? Vous l’avez vu ; vous pourriez nous dire à quoi il ressemble ? Mais la fille – qui devait être à peine majeure – fut reprise d’une crise de larmes. Judith se leva, alluma une cigarette et regarda par la fenêtre. Il n’y avait rien à voir, mais c’était une ...
... habitude qu’elle avait avant de parler. Son chef le savait, mais il craignait qu’elle s’y prenne avec trop peu de tact. Lui, il voulait faire ça en douceur, ne pas la brusquer, la faire parler sans qu’elle se sente forcée. Mais cela risquait de prendre du temps, et ils en manquaient. Alors il laissa l’initiative à Judith. Celle-ci jeta sa cigarette dehors, fit le tour du bureau et se mit devant la fille. Elle la prit par les épaules, la força à se lever et la gifla. Surprise, elle ne pleura même pas et la regarda, interloquée. — Dis-nous ce que tu as vu. Il le faut. Si tu ne parles pas, tu ne m’es pas utile et je te foutrai dehors. Et le tueur risque de vouloir te retrouver pour finir ce qu’il a commencé. Horrifiée, elle secoua la tête et commença à raconter : — C’est… c’était ma mère. On était sorties se promener et l’averse de neige nous avait obligées à nous abriter dans l’entrée d’un immeuble. Quand la neige a cessé, il faisait presque nuit. On savait que c’était dangereux, mais il fallait qu’on rentre. Et on pensait qu’à deux, il ne nous arriverait rien. On était presque arrivées, on avait couru, quand on l’a vu. Il marchait dans notre direction. Il avait un gros manteau et il avait les mains dans les poches. Je n’ai pas vu sa tête parce qu’il avait une capuche. Sur le coup, on n’a pas pensé que ça pouvait être lui et on n’a pas ralenti. Au moment où on s’est croisés, il a sorti ses mains de ses poches et il a écarté les bras. On pouvait plus passer, c’était une petite rue. ...