1. Un futur grisâtre - Partie 2


    Datte: 10/05/2020, Catégories: Collègues / Travail uniforme, bizarre, policier, sf,

    ... dans le coin. Allez, va t’habiller. Je vais m’arranger pour qu’elle ne parte pas trop vite. Elle se dirigea vers le hall d’entrée miteux du commissariat. Il n’y avait aucun contrôle, et n’importe qui pouvait entrer dans les locaux. L’année dernière, ils avaient découvert une planque de dealers dans une pièce abandonnée au deuxième étage. Les trafiquants pensaient sans doute que c’était le dernier endroit où les flics s’attendaient à trouver ce genre de réseau. On n’avait jamais su qui étaient les responsables de ce trafic, mais personne n’ignorait qu’un ou plusieurs membres de la police avaient les mains sales. Judith trouva la fille devant la porte, hésitant à sortir, regardant partout autour d’elle. La flic se rapprocha, alluma une cigarette et posa sa main sur l’épaule de la fille qui sursauta et poussa un petit cri de surprise. — Détendez-vous. C’est moi. Cigarette ? La fille secoua la tête et se remit à regarder dehors. — Désolée pour la gifle tout à l’heure. Judith n’en pensait pas un mot. Elle se foutait de cette gamine ; ce qu’elle voulait, c’était coincer ce type. Mais de temps en temps elle savait se montrer aimable. Pour la bonne cause. Elle reprit : — Ce que vous nous avez dit nous a beaucoup aidés, vous savez. La fille ne semblait pas l’entendre. Ses grands yeux noirs étaient fixés sur la porte vitrée, écarquillés. Elle se pinçait les lèvres, comme pour s’empêcher de parler ou de hurler. Judith remarqua la noirceur éclatante de ses cheveux. Ils lui rappelèrent ...
    ... les siens, avant que tout ne devienne gris et suffocant. Les cheveux devenaient blancs après quelques années de vie, souvent au cours de l’adolescence. Elle devait les faire teindre, mais il fallait dépenser une fortune pour se procurer les produits et connaître les trafiquants qui les vendaient. Il faudra qu’elle se renseigne à ce sujet. Elle aperçut Pete en haut de l’escalier. Il s’était changé et commençait à descendre. — Maintenant, rentrez chez vous sans tarder. Et sortez le moins possible, surtout la nuit. Elle ouvrit la porte et la poussa légèrement pour qu’elle avance enfin. Elle semblait figée ; cette légère impulsion la réveilla. Elle cligna des yeux et sortit dans la rue. Elle regarda à gauche et à droite, puis traversa la chaussée d’un pas lent et somnolent. Quelques secondes après, le jeune officier de police lui emboîta le pas. Judith les regarda s’éloigner. Elle se surprit à penser qu’ils auraient pu faire un joli couple et être heureux, une dizaine d’années auparavant. Elle referma la porte, alluma une nouvelle cigarette et monta lentement l’escalier. Elle rejoignit son bureau, donna quelques consignes et attendit la fin de la journée. – V – La nuit était tombée depuis plusieurs heures. Judith et un collègue faisaient le guet dans une voiture au pied d’un petit immeuble. Pete vivait là. D’après des observateurs qu’elle avait placés aux endroits stratégiques, le policier avait ramené la fille chez lui. Quel baratin pouvait-il lui avoir raconté ? Même en ces jours ...
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