Un futur grisâtre - Partie 2
Datte: 10/05/2020,
Catégories:
Collègues / Travail
uniforme,
bizarre,
policier,
sf,
... sombres, à cette époque sans avenir et sans espoir, quelqu’un pouvait accorder sa confiance à un inconnu, tomber sous son charme. Pour Judith, femme désabusée, aigrie, au cœur aussi gris que l’environnement dans lequel elle évoluait, ces sentiments semblaient stupides, voire dangereux. D’ailleurs, Pete n’avait fait qu’exécuter ses ordres. Il faisait son travail, sans réellement se préoccuper du sort de cette fille. Pourquoi une partie d’elle ne semblait pas vouloir croire cela ? Son voisin avait baissé le siège et s’était assoupi. Il semblait dormir calmement. Pas de cauchemars sanglants, pas d’atroces souvenirs récurrents et perturbants. Soudain, elle se dit que quelque chose n’allait pas. Son sommeil était si paisible que même sa poitrine ne se soulevait pas. Elle tendit l’oreille à l’écoute d’un souffle, d’un léger bruit de respiration. Rien. Elle chercha un pouls dans son cou, sur son poignet. Elle ne décela aucun battement. Elle prit la radio et appela les secours puis attendit dans la voiture. Elle regarda la fenêtre de l’appartement de Pete jusqu’à ce que l’ambulance arrive. — Alors, de quoi est-il mort ?— À votre avis ? répondit-elle.— Les poumons ou le cœur… devina le commissaire.— Il avait les poumons aussi noirs que votre uniforme, précisa le médecin qui revenait du laboratoire où il avait pratiqué l’autopsie. Il devait certainement fumer.— Non, dit Judith froidement, sans le regarder. Et on n’a pas besoin de fumer dans cette ville pour finir dans cet état. Le ...
... commissaire, que la mort d’un subordonné affectait toujours, même après trente ans de service, s’assit dans son fauteuil et fixa Judith. Son visage était si inexpressif… Sa cigarette éteinte entre les lèvres, attendant d’être sortie du bureau pour l’allumer, elle semblait juste vouloir passer à autre chose. Pour elle, c’était une mort de plus : la fatalité, l’inévitable. Lui n’était pas comme ça. Il n’était jamais parvenu à se blinder face à ces tragiques événements. Et la mort d’un homme qui avait presque son âge le traumatisait encore davantage. — Bon, reprit-il, vous allez trouver un nouveau partenaire pour vos planques. Vous avez vu Pete aujourd’hui ?— Oui. Il a eu quelques infos. Elle s’appelle Bethy, elle a vingt ans. Elle a préféré aller chez lui car elle a peur de rentrer chez elle. Elle a peur d’y trouver son ancien petit copain. Et c’est pas un flic.— Il fait certainement partie d’un gang, alors, tenta le légiste. Le commissaire vit le regard noir de Judith et congédia l’homme avant qu’elle ne sorte son arme. — Merci de votre collaboration. Laissez-nous maintenant, s’il vous plaît.— Vous savez y mettre les formes, chef. Merci, dit-elle quand le médecin eut quitté la pièce.— Continuez.— Selon Pete, la gamine a profité pendant longtemps de la protection de ce type, qui dirige une bande dans un quartier au nord. C’est sa mère qui est parvenue à la sortir de là. Elle se droguait, évidemment, mais elle faisait sans doute le trottoir et ramenait le fric à son bonhomme. En ...