1. En pleins et en déliés


    Datte: 30/09/2017, Catégories: fh, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme

    ... m’était toujours aussi difficile de ne pas focaliser toute mon attention sur Vanessa. Je n’étais plus capable de dessiner que les courbes de ses seins. Je devais me rendre à l’évidence : jamais auparavant une femme n’avait autant accaparé mes pensées. Jamais je n’avais perdu l’appétit ni le sommeil par amour. Avais-je seulement déjà connu l’amour avant elle ? Comme si le hasard voulait me mettre à l’épreuve, il me sembla que toutes les plus belles femmes du secteur avaient décidé de venir se faire encrer chez moi. J’enchaînais les seins, les fesses et les pubis avec un désintérêt qui frisait parfois la faute professionnelle. Je ne pensais qu’à elle, Vanessa. Une femme qui n’était pas pour moi et qui, je l’espérais en tout cas, avait peut-être déjà oublié mes mains et mes lèvres sur sa poitrine. Il fallait que je parvienne, moi aussi, à l’oublier. Mélanie, une cliente qui n’était pas plus pudique que farouche et s’exhibait devant moi jambes écartées sans la moindre gêne pour que je lui tatoue un symbole japonais sur son mont de Vénus, me fit clairement comprendre que les vibrations du démographe lui faisaient un effet terrible. Elle m’invita à constater par moi-même en passant un doigt entre ses petites lèvres pour ensuite le poser sur ma bouche. Je ne répondis pas à ses avances, mais lorsqu’elle déboutonna mon pantalon et plongea la main sur mon bas-ventre, la nature, l’anatomie, reprirent leur droit. Je me laissai faire, espérant que cette parenthèse me permettrait d’oublier ...
    ... Vanessa. Elle ne ménagea pas ses efforts, tant avec les mains qu’avec la bouche, ou appuyant ses fesses sur mon sexe. Je la pénétrai finalement, presque à contrecœur et sans le moindre plaisir, spectateur plus qu’acteur de nos ébats à sens unique. Mélanie sembla néanmoins satisfaite et me laissa avec une mélancolie bien plus grande encore qu’avant son arrivée. Le remède avait été pire que le mal… Resté seul, j’avisai, au creux de mon biceps, un espace de peau encore vierge. Machinalement, j’installai une aiguille sur ma machine et commençai à graver les pleins et les déliés d’une belle écriture anglaise. Vanessa avait colonisé mon esprit, mon âme, mon cœur. Restait ma peau. Bizarrement, tatouer son prénom ne me parut pas débile. J’en éprouvai même pendant un temps une sorte d’apaisement. Mais bien avant que la plaie ne fût cicatrisée, la douleur de son absence revint. Plus profonde encore, plus handicapante. Je n’étais plus capable de dessiner ni de tatouer… À part les pleins et les déliés d’une belle écriture anglaise sur ma propre peau. Sur mes cuisses, sur mon ventre, plusieurs fois, mes mollets. Vanessa était désormais partout où mon dermographe pouvait accéder et chaque fois, inexorablement, l’effet se dissipait après quelques jours. Je décidai de fermer le shop. Ou du moins, de ne plus l’ouvrir. À quoi bon à présent ? Je n’étais plus capable de rien. J’y passais mes journées et mes nuits à relire Madame Bovary, devenant peu à peu Emma, lassé de tout, expulsé de la vie. ...
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