Prélude - Deuxième partie
Datte: 02/10/2017,
Catégories:
amour,
mélo,
amourpass,
... traîné ici et là, j’ai attendu,et j’attends encore, une explication qui ne vient pas… et toi, où tu étais, ça ne te vient pas à l’idée de me le dire ? Avec une fille, peut-être. J’y songe soudainement et j’ai l’impression de recevoir un grand coup de poing dans l’estomac. Et c’est la débandade, le moral des troupes qui se relâche ; les bonnes résolutions ne durent jamais, surtout quand elles te concernent. La rancœur grimpe d’un cran en moi, très vite, m’atteint au cœur. La rancœur et la colère, aussi. Je me sens brutalement mauvaise jusqu’au bout des doigts de pieds. Je te regarde, je te fais des sourires mécaniques, je me tais ; j’ai mal et je veux te faire du mal. Autant de mal. Autant de mal que toi, il y a trois ans, il y a deux ans, il y a six mois, il y a deux jours. Comme je voudrais te faire du mal ! Tu me demandes ce qui ne va pas. J’en suis étonnée. Alors comme ça, mon moral t’importe ? Je ne réponds pas. Il n’y a rien à dire. Je me débarrasse de mes baskets en deux mouvements, sors mon caméscope de mon sac à dos, le laisse tomber sur le canapé ; puis je te tourne le dos, vais aux toilettes et ferme la porte. Avec ce geste, je te la ferme aussi au nez, cette porte qui m’isole de toi. Enfin seule. C’est à mourir de rire : je suis seule depuis quatre heures de l’après-midi. Mais finalement, on est toujours seul, où qu’on aille, quoi qu’on fasse. Avez-vous déjà ressenti cette intolérable certitude d’être seul – seul jusqu’au plus profond de votre être – tout en ...
... étant environné d’une foule de personnes ? Avez-vous déjà parlé dans le vide, sans que personne ne tende l’oreille pour vous écouter ? Êtes-vous déjà resté dans une pièce, écrasé par la pénétrante évidence d’être invisible aux yeux des autres ? Comme si vous étiez soudain devenu transparent ? Sans existence réelle ? Comme si vous n’existiez plus, que vous n’aviez jamais existé ? Je m’assieds sur le couvercle des toilettes, et j’essaie de me reprendre. J’ai froid et j’ai les mains qui tremblent. Ce n’est pas le moment de craquer. Ce n’est pas le moment de demander des comptes, de te crier au visage toute la peine que tu m’as fait ressentir, toute la détresse, toute la tristesse. Toute la peine du monde. Pas la peine. Une autre s’est chargée de te faire souffrir. Comble de l’ironie, j’ai même pitié de toi, pour la seconde fois en trois jours, assise toute seule et grelottante sur des toilettes gelées. Comment te le dire ? Comment expulser de moi toute cette rancune, toute cette amertume, qui montent au pas de charge, et m’empoisonnent la tête et le cœur ? Comment les sortir de moi sans te blesser ? Je n’ai plus envie de saigner ton cœur à vif. Tes remords pèsent sur tes épaules comme un poids insupportable. C’est presque une torture de te regarder ; je sais toutes les peines du monde que tu as à ne pas montrer ta culpabilité ; elle te ronge tout entier. Ça pourrait presque être risible, si ce n’était pas si triste. Je secoue la tête, sans m’en rendre compte. J’ai envie de pleurer, ...