1. Prélude - Deuxième partie


    Datte: 02/10/2017, Catégories: amour, mélo, amourpass,

    ... en si peu de mots. Si peu de mots qui suggèrent de si grandes espérances, au final. Carpe diem… J’ai dû me tromper de direction au carrefour. Ou alors, je tenais le plan à l’envers. Mon sens de l’orientation n’est pas très développé, et c’est probablement pour ça que je me retrouve là, toute seule comme une conne, plantée devant la baie vitrée, le cœur serré et l’esprit à la dérive. Je me tourne en dérision, je tourne en rond, et le monde tourne autour de moi comme si sa course avait été accélérée par ma perplexité. Allons, allons, très chère, ne sois pas si puérile. Tu sais très bien ce qui se passe. Tu n’as pas bien déchiffré le rapport qu’on t’a remis, donc tu as du mal à faire le point sur la situation. Nous sommes revenus du pique-nique il y a deux heures. Tu as sorti le poulet du congélateur, tu as lu un peu, puis inexplicablement, tu es sorti, après m’avoir jeté un long regard vide de tout message, me laissant toute seule dans ton studio ; un studio devenu soudain trop grand pour moi. Trop d’espace, trop de temps : voici l’ennui existentiel qui commence à poindre dans mes veines. Et dans ma tête. Je ne tiens plus en place, je me lime les ongles, je m’assieds, je me relève, je ne sais vraiment pas quoi faire. J’ai essayé de dormir un peu, mais le sommeil me fuit comme la peste. Je me terre dans mes pensées. Dans un rire intérieur, je me repasse des images d’un film de Godard :« Pierrot le Fou » ; histoire sans queue ni tête, que je n’ai pas du tout aimée. Mais une ...
    ... réplique du film m’a marquée, et j’en reviens toujours à elle lorsque je m’ennuie : « Qu’est-c’que j’peux faire, j’sais pas quoi faire, qu’est-c’que j’peux faire… ». Oh oui, quel ennui mortel ! Je ne comprends pas où et quand les choses ont commencé à mal tourner, je ne comprends pas comment ça a pu se produire, le moment précis où j’ai dû gaffer. Tous les deux, on s’est embrassés, on s’est caressés, on s’est lancé des œillades enflammées, à s’en donner des frissons d’excitation de la nuque jusqu’au bas des reins, et une fois rentrés, tu te dérobes comme un savon qui me glisse entre les doigts. Pas un rire, pas un sourire, pas un geste, tu m’as évitée comme si j’étais subitement devenue une chose particulièrement dangereuse. Je ne devrais pas m’en soucier. Je ne devrais plus m’occuper de toi, de tes besoins, de tes motivations, de tes intentions, de tes préoccupations. T’es-tu jamais soucié de savoir ce qui me préoccupait ? T’es-tu jamais demandé à quel point ton départ pouvait m’avoir meurtrie ? Meurtrie… Oh, Mickey Mouse. Comme je regrette. Pas ce que j’aurais pu dire ou faire aujourd’hui, cette fois. Comme je regrette d’avoir croisé ta route, ce soir de janvier, il y a trois ans, dans ce couloir obscur dont la peinture du mur s’écaillait. Tu me demandes où j’étais, avec un air de qui s’en fout royalement. Je babille, j’observe, je mens, je glisse et vacille entre tes questions. Qu’est-ce que ça peut bien te faire, où j’étais ? Tu crois que je m’imagine que ça t’intéresse ? J’ai ...
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