Prélude - Deuxième partie
Datte: 02/10/2017,
Catégories:
amour,
mélo,
amourpass,
... les larmes brûlent mes paupières. Mon nez pique, je retiens un éternuement. À la suite de quoi, avec un pauvre sourire, je pense : oui, presque comique, s’il n’y avait pas toute cette tristesse… Si tu pouvais savoir à quel point je m’en veux d’être venue, de t’imposer ma présence, de réveiller tous ces mauvais souvenirs, de te les jeter à la figure d’un simple regard de ma part. De toutes les fibres de mon corps, je semble t’accuser. J’aurais voulu te faire payer moi-même ; oui, c’est tellement vrai. Constater de mes propres yeux la douleur que je t’aurais causée. Mais on m’a volé ce rôle de justicière. Elle s’appelle Diana. Elle a pris mon fardeau à son compte, a procédé au procès, et exécuté la sentence sans me demander mon avis. Encore une raison de la mépriser. Et elle a si bien réussi son œuvre que je n’ai plus qu’à me baisser pour ramasser les miettes. Mon pauvre ennemi, tu n’es plus qu’une épave jonchée de débris, une bobine qui part en lambeaux. Si je tire sur le fil, tu ne seras plus qu’un squelette à la fois mort et vivant, une âme oubliée à jamais dans l’enfer prostratif du vide émotionnel. Je secoue la tête, interminablement. Les larmes ont roulé sur mes joues. Puisque quelqu’un est déjà passé par là, que vais-je faire de toi, à présent ? Rien qui vaille le prix du déplacement, j’en ai bien peur… – Qu’est-ce qui s’est passé tout à l’heure ? demandes-tu. Nous marchons d’un bon pas. Nous avons rendez-vous avec une de tes amies, pour nous rendre à un concert de ...
... musique classique. J’appréhende un peu. Elle va être comment, cette amie ? Grande et superbe, comme tu sais si bien les choisir ? Va-t-elle me mettre proprement à ma place d’un seul regard condescendant ? Je pense alors à ma scène dans les toilettes, puis à cette fille que je ne connais pas, à notre baiser, et je repense aux toilettes, et je repense à la fille, au baiser, au baiser, au baiser et… – Qu’est-ce qui s’est passé tout à l’heure ? insistes-tu. Ta main a saisi mon coude. Sous l’épaisseur de ma veste, je sens la puissance de tes doigts autour de mon bras. Ce n’est pas un geste de galanterie, c’est une pression qui me pousse à répondre. Compression morale et physique. Je repousse les cheveux que le vent a placés devant mon visage, et je regarde la rue, éclairée par de faibles lampadaires. On dirait des étoiles qui cherchent à me guider, mais laquelle est l’étoile du berger, celle qui a guidé les Rois mages jusqu’au Sauveur ? L’air frais de la nuit me fait du bien, me réveille de ce trouble où je m’enfonce depuis des heures, sans pouvoir remonter à la surface. Il n’y a pas d’autre issue à la jalousie que celle de garder la tête froide. – Je ne sais pas. J’ai répondu aussi honnêtement que possible. Comment te dire ce qui n’est pas censé être dit ? Te dire quoi ? Aide-moi à me venger, à me soulager, sans que cela puisse te faire du mal ? Quelle idée idiote. Je me mords donc la langue, en connaissance de cause. Quoi que je fasse pour essayer de calmer mes sens échauffés par le ...