Ma colocataire (6)
Datte: 11/06/2020,
Catégories:
Lesbienne
... l’air de sœurs jumelles, l’une brune et l’autre blonde, d’une innocence à croquer. À cette heure de la journée, un soleil encore généreux distillait une lumière de peintre impressionniste. Les pierres des berges de la Seine renvoyaient la chaleur accumulée pendant la journée. Je lui fis part de ma détermination. — Comme tu veux, me dit-elle. Moi, j’ai envie d’aller au rendez-vous ; alors, il faut au moins que tu viennes pour me la montrer, après tu feras ce que tu voudras. En haut des marches, je la reconnus immédiatement. La femme était assise sur le banc où nous étions deux jours avant, un livre posé sur ses genoux. Elle nous cherchait des yeux parmi les passants. Quand elle me vit, elle m’adressa un tel regard que toutes mes réticences disparurent. Magalie avait compris que c’était elle, l’inconnue du métro. Elle se dirigea vers le banc qui faisait face, celui-là même où étaient assis, la dernière fois, mon voyeur et sa femme. Elle avait inversé les places, si bien qu’elle faisait face au Pont-Neuf et tournait le dos au soleil dont les rayons éclaireraient ainsi dans les meilleures conditions tout ce qui s’offrirait à sa vue. La femme attendit patiemment que nous soyons installées. Au lieu de m’en aller, comme prévu, j’avais suivi ma copine. Magalie la scrutait avec attention, tentant de lire en elle. Moi, je l’admirais. Je me sentais honorée qu’elle s’intéresse à moi. Un groupe d’Allemands rigolards passa devant nous, interrompant le contact visuel. Ils s’éloignèrent ...
... après s’être tous pris en photo. Le regard de l’inconnue se reporta sur nous. Magalie ôta son sac de ses genoux, puis elle écarta les jambes. Sa jupe était suffisamment courte pour qu’elle n’ait pas besoin de la relever. Étant assise à côté de ma copine, je ne pus profiter du spectacle ; mon regard passait sans cesse d’un visage à l’autre. Magalie avait l’air aussi impassible qu’une vache au milieu du pré. Il me sembla que les joues de l’inconnue avaient pris des couleurs, ses yeux s’étaient enflammés, mais elle restait assise bien droite, sans bouger, les genoux serrés, les jambes légèrement de côté et les mains sagement posées sur son livre. Au bout de quelques secondes, Magalie serra les jambes, et pendant qu’un couple passait, elle s’avança au bord du banc ; seules ses fesses reposaient dessus. Jetant un regard de chaque côté de sa jupe, elle fit semblant de vérifier quelque chose. Comprenant ce qu’elle faisait, j’ai regardé par terre entre les pieds de ma copine : quelques secondes après, les planches avaient changé de couleur pour prendre l’aspect qu’elles ont quand il a plu. Magalie avait osé. Affolée, j’ai regardé autour de moi. Le banc le plus proche n’était pas occupé. Sur le suivant, deux vieux touristes, sûrement des Américains, étaient plongés dans la lecture du guide Michelin. En face d’eux, des Japonais cherchaient à se faire photographier ensemble. Un nouveau groupe traversa, les yeux rivés sur le bateau-mouche qui passa juste en dessous de nous ; je me suis dit ...