1. Réconfort & vieilles dentelles. III. La location d'été (3)


    Datte: 20/06/2020, Catégories: Hétéro

    ... m’avaient tapé sur la tête, et je me trouvais ce soir-là comme un ado au printemps dont les gonades viennent d’arriver à maturité, avec une sève qui monte et qui ne demande qu’à sortir pour être en harmonie avec la nature. Par contre, je remarquai tout de suite qu’elle portait – pour la première fois depuis que je la connaissais - un maquillage léger, qui contrastait avec le caractère décontracté de sa tenue. Tiens, me dis-je, la dame aurait eu un accès de coquetterie, une discrète envie de plaire, d’attirer mon attention autrement que par sa bienveillance à mon égard. Elle portait ses cheveux blancs et courts joliment bien, et s’il est vrai que si son visage était quelconque, ainsi rehaussé d’un tout petit peu d’ombre à paupières et de mascara, son physique était beaucoup plus féminin et presque joli. « - Bonsoir ! » me dit-elle, « je suis venue prendre de vos nouvelles. J’espère que ça ne vous gêne pas… — Pas le moins du monde » répondis-je vivement avec un ton enjoué — Bien, ça a l’air d’aller… — Oui j’ai passé une excellente journée ! Vous voyez : je vous l’avais dit, il n’y a pas raison de vous inquiéter, mon humeur change d’un jour à l’autre… — Tant mieux, tant mieux… » Elle n’osait rien rajouter, et encore moins faire allusion à mon triste état de la veille au soir. C’est presque elle qui avait l’air de se sentir gênée. Peut-être espérait-elle me consoler ce jour, me dis-je gaillardement, mais bien entendu sans y croire. « - Bon » dit-elle… J’avais l’impression ...
    ... qu’elle allait s’en aller d’un instant à l’autre. « - Voulez-vous boire quelque chose ? » l’interrompis-je. « Naturellement, je n’ai que du Bourbon. Etant en vacances je n’ai pas fait provision de boissons variées » ajoutai-je sur le ton de la plaisanterie. « Et vous savez, je ne bois pas tous les soirs comme hier soir. Hier soir j’avais le blues… comme vous avez dû vous en rendre compte. Allez, un petit Bourbon ? On the rocks ? — Bon d’accord. Mais juste un doigt. — Allez. Va pour un doigt ! » Dans ma tête je riais déjà. Tu vas te le prendre le doigt. Et même si tu veux, tu auras autre chose que mon doigt, après… Elle ne s’asseyait pas, malgré mon invitation, et nous dégustâmes notre alcool debout, près de la grande table en bois. Difficilement la conversation s’engagea. Elle me questionna sur ma journée. Je la lui racontai avec force enthousiasme. Elle va finir par penser que je suis bipolaire, me dis-je. J’espère ne pas lui faire peur. Mais je restais très posé, m’intéressant à ses explications, puisqu’elle s’était mise en tête, manifestement, d’étaler ses connaissances géographiques et historiques, me montrant fièrement qu’elle était cultivée, qu’elle possédait bien son sujet, et qu’elle aimait me faire partager son savoir. Il est vrai qu’elle était enseignante à la retraite, et que chez ces personnes, la déformation professionnelle fait que dès qu’on les lance, ils doivent avoir l’impression d’être à nouveau devant des élèves. J’étais décidé à la flatter, et je me mis à la ...