Natasha & Franck (16)
Datte: 10/07/2020,
Catégories:
Transexuels
... sa poitrine se laissait bercer par le clapotis de l’eau. La brésilienne la tenait serrée dans ses bras, une joue contre sa chevelure quasiment blanche sous le soleil éclatant. Cela fait des années que Natasha n’avait pas vue Kristina aussi détendue, aussi… amoureuse. Et la plupart du temps, sa passion pour la musique était la cause du crash. Les mecs avaient toujours du mal à rester sages dans l’attente de son retour. Et pourtant, elle était compréhensive sur ce sujet, et s’ils finissaient par rester, c’était avec celle qui ne partait pas. Alexandra éternisa leur pose avec son téléphone puis elle s’allongeait, la tête sur mes cuisses. Malgré la douceur de l’air, elle se couvrait d’une légère veste en toile grossière et protégeait son visage du soleil sous un magnifique chapeau australien en cuir. Elle me faisait penser à ces westerns où le cowboy solitaire se repose a même le sol, la selle de cheval en guise d’oreiller. Il ne manquait plus que le feu de bois, le cheval et la winchester. Et en guise de coyotes, les goélands dans le lointain cherchaient leur pitance. Parfois le silence s’installait, laissant supposer que plusieurs d’entre nous avaient succombés aux sirènes d’une sieste réparatrice. Mais lorsque l’un ou l’une d’entre nous estimait avoir sept fois tourné sa langue dans sa bouche, soit il ou elle décidait de la tourner dans une autre bouche, soit il ou elle prolongeait une conversation qui semblait s’être échouée à nos pieds auparavant. ─ Franck, as-tu essayé de ...
... reproduire, de provoquer ce moment où tu vois à travers les yeux d’une autre personne ? ─ Juste une fois. Ca n’a eu aucun effet. Je n’ai aucune idée de ce qu’il faudrait faire pour y parvenir. Peut-être que la seule signification de ce phénomène, c’est que nous avons en commun un lien particulier. ─ Mais ça n’a aucun sens que ça n’ait pas de sens ! ─ Et alors ? Que des filles naissent dans des corps de garçon, ça n’a pas plus de sens. Et pourtant tu en as trois ici présentes. Mais tu peux aussi bien avoir raison. Il y a peut-être un sens que nous ne connaissons pas encore. La discussion refit place à la mélodie des vagues. Le flux et le reflux de l’eau agissaient comme un immense tamis dans lequel les pensées de chacun se dégageaient de leurs pollutions, puis, quand une idée brillait suffisamment, elle était extraite des nimbes qui l’avaient vue apparaître, se laissait polir par quiconque estimait pouvoir lui offrir sa patine. Je regardais Kristina caressant le bras droit de Sigrid. Les doigts hâlés suivaient tendrement les tatouages, comme si la pointe des doigts dessinait elle-même les ornements sur la peau blonde. ─ Tu as des tatouages depuis longtemps ? ─ J’étais encore ado pour le premier. Elle passait une main dans ses cheveux et dégageait sa nuque, découvrant deux mots en anglais, dans des petits caractères manuscrits. Bite Here. Mordre ici. Kristina s’amusait d’avoir raté cette information précieuse et promettait de répondre à l’injonction plus souvent. ─ C’était une ...