Adèle et Hugo (1)
Datte: 07/10/2017,
Catégories:
Divers,
... attendre de réponse elle sauta au cou de mon père et l’embrassa bruyamment avant de revenir devant moi, soudain incertaine. — Ey, bros, on se fait la bise ? On risque de se voir souvent... — Possible, oui. Saute... Son bond de cabri l’a propulsée dans mes bras et elle m’a appliqué deux bisous qui ont claqué au coin de mes lèvres. Je l’ai reposée, mais j’aurais pu la tenir des heures car elle ne pesait rien : ce n’était qu’une gamine fluette flottant dans des vêtements trop grands pour elle. Plus tard, elle me montra ma chambre, lorsque je ne serais pas en fac à Paris. J’étais en Terminale et j’allai passer le bac dans quelques semaines. MAINTENANT Elle respire fort, les ailes de son nez frémissent alors que ses lèvres se retroussent, révélant ses dents blanches parfaitement alignées, ses incisives un peu écartées ; les dents du bonheur, dit-on. Je susurre des mots d’apaisement, des mots qu’elle n’entend pas plus que moi. Mais elle voit le mouvement de mes lèvres, elle comprend. Elle comprend toujours, ce que je dis, ce que je pense, avant moi bien souvent. Elle se détend et ses yeux se verrouillent aux miens, ses magnifiques yeux verts aux paillettes dorées. AVANT J’ai pris possession de ma chambre une semaine après ma première visite. Nous avons alors vécu comme une vraie famille, Maureen, Adèle, mon père et moi. Et puis j’ai eu le bac, je suis parti à Paris dans une classe prépa, j’ai intégré ensuite une école de commerce réputée. À dix-neuf ans, je suis parti en césure ...
... à Sidney, à l’autre bout du monde. À mon retour, Adèle avait seize ans et allait entrer à hypokhâgne. La musaraigne hyper-active s’était métamorphosée : à mon arrivée à Roissy où tout le monde m’attendait de pied ferme, j’ai été immédiatement ébloui par la beauté flamboyante qui sautillait d’impatience à côté de mon père et Maureen. Après les embrassades empreintes d’émotion, nous sommes partis dans la voiture paternelle, direction Caen et la maison. Adèle m’a assailli de questions sitôt les ceintures bouclées. — Hugo, tu as des épaules de déménageur ! Tu as trouvé une valise d’anabolisants ? — Même pas ! Mais en Australie le sport universitaire est vivement recommandé ; je me suis mis à la natation avec un groupe super sympa et voilà... — Au fait, tu nous ramènes pas une Aussie à forte poitrine ? Le french lover a dû briser des cœurs, non ? — Eh bien si, elle arrive dans trois jours ! — ........ Là, j’étais ravi, Adèle était scotchée, bouche bée. J’aurais juré que son regard lumineux était voilé par la contrariété. J’ai éclaté de rire. — Tu verrais ta tête ! Tu as avalé la couleuvre ? T’es une blonde teinte en rousse ! — Non, mais tu aurais pu... — Eh non ! Bon, parlons de toi. Tu as eu le bac quand même ? — De justesse et au repêchage, tu penses bien ! — Elle a eu mention très bien, précisa sa mère avec fierté. Nous avons continué à nous vanner pendant les trois heures du trajet, ravis d’être à nouveau ensemble, en famille. Et puis la vie a repris, je suis reparti à Paris ...