1. Adèle et Hugo (1)


    Datte: 07/10/2017, Catégories: Divers,

    ... comme les portes s’ouvraient à notre étage. — Eh bien, mon cher époux, vous me semblez affligé d’une raideur qui doit être bien douloureuse ! — Vous n’avez pas idée, ma mie. Mon médecin suggère de plonger le membre malade dans un étui chaud et humide jusqu’à désengorgement. — Votre médecin est un génie, j’en suis sûre. Dès la porte de notre suite refermée, j’ai fermement poussé Adèle contre le mur ; sans résister une seconde elle a posé ses mains à plat et appuyé le front entre elles. J’ai troussé sa robe virginale jusqu’à dévoiler ses fesses adorables à peine couvertes d’un fin tanga de soie. Tanga que j’ai écarté alors que ma chérie se cambrait pour s’offrir. J’ai glissé un doigt entre ses jambes, dans la fine toison rousse qui ornait son entrejambe humide de désir. Nous avons fait l’amour avec fougue, sans tendresse excessive, comme mus par une sorte d’urgence. Comme si c’était la dernière fois. Et oui, ce jeudi 12 novembre était la dernière fois. Le lendemain de notre mariage, avant de partir en voyage de noces vers les Marquises, nous sommes allés au Bataclan assister à un concert des Eagles of Death Metal. Un cadeau de mes collègues. Le groupe venait d’attaquer « Got a woman » : “I got a woman see your moving down the line shes always rolling and shes rolling just fine You want to keep it moving gonna burn a ...
    ... lot of gas I got me a woman loves to shake her ass.” Le brouhaha démarra au fond de la salle, puis les premières détonations, les hurlements. Les mouvements de foule, les détonations répétées, de plus en plus proches. Adèle projetée contre moi, comme fauchée, je n’ai pu que la retenir alors que mon regard croisait celui, halluciné, d’un homme brandissant une arme de guerre fumante. Il m’a toisé avant de me tourner le dos et de s’éloigner dans l’allée centrale. J’ai allongé Adèle dans la travée en cherchant vainement de l’aide. MAINTENANT Elle meurt contre moi, je le sais. Me oreilles bourdonnent, emplies d’acouphènes. M’envahissent le désespoir, la haine, je vais me relever et bondir et hurler ; et mourir. Elle plante ses ongles dans mon poignet, ses iris d’émeraude plongent dans la folie qui m’envahit. Elle sait. Elle comprend toujours, ce que je dis, ce que je pense, avant moi bien souvent. Ses lèvres articulent une dernière supplique qui arrive à peine à percer la nuit qui menace mon cerveau. « Vis, pour moi, pour nous. » Je déglutis difficilement et opine comme elle s’éteint, m’allongeant contre elle, posant ma joue contre la sienne et unissant nos larmes. Je ferme les yeux. J’attends. Pas de haine, car c’est l’amour qui meut le monde, qui rend la vie digne d’être vécue. Pas de haine, même si ce n’est pas facile. 
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