1. Un conte de Noëlle


    Datte: 13/10/2017, Catégories: fh, ff, fbi, prost, gros(ses), amour, Oral conte, mélo, humour,

    J’aime bien Sandrine, c’est ma meilleure amie. Oui, une très bonne amie, une bien tendre amie… Moi, c’est Noëlle. Heureusement que j’ai une amie comme elle, oui, heureusement. Parce que ça va mal. Je viens de recevoir un pli de la D G I (Direction Générale des Impôts) qui me dit que, vu mes revenus d’il y a deux ans (!) me voilà maintenant astreinte à payer au Trésor la taxe d’habitation, qui s’élève à trois cent soixante-quinze euros pour mon pharaonique deux-pièces ! J’oscille entre le rire et les larmes. D’abord les larmes : où voulez-vous que je les trouve, tous ces euros ? Puis vient le rire, à cause d’une plaisanterie de Pierre Desproges (Merci mon Trésor !). Sitôt que je pense à celui-là, ça me fait rire ; mais cette fois-ci, pas bien longtemps. Alors je me remets à chialer. Mon mobile qui grogne, c’est Sandrine – c’est elle quatre fois sur cinq : — Ma biquette ! C’est pas vrai ! Tu pleures encore ce sombre crétin ?— Mais non - je renifle - tu veux parler de Gino ? Je te l’ai dit - je renifle – celui-là c’est "bon débarras !". C’est à cause du Trésor que je pleure…— T’en as déjà trouvé un autre ! Ben tu perds pas de temps, toi. Mais y vaut pas mieux que le précédent, à ce que je vois !— Non ! Le Trésor, les impôts, les voleurs légaux, les brigands d’État, les ruffians de Bercy, les détrousseurs de veuve…— Oh ! Oh ! Veuve, veuve ! Tu vas peut-être un peu loin, là…— C’est une formule, je pensais pas à moi.— Ben tu devrais ! Nous autres, les nanas, y paraît qu’on pense ...
    ... pas assez à nous, d’abord, avant toute chose. Je viens de lire un truc, dans "Elle"…— Attends ! Quand on fait les boutiques de fringues, toi et moi, tu trouves qu’on pense à qui, en fait ?— Pfffou ! On peut décidément pas discuter quand t’es comme ça. Bon ! J’ai compris, j’arrive. Elle a raccroché. Je vais jeter un coup d’œil sur mon minois, dans la salle d’eau, j’ai les yeux un peu rouges, je me bassine avec le gant de toilette, je me fais une bise dans la glace, ça me remonte le moral parce que j’ai une très jolie bouche. Je m’installe pensivement sur le siège et j’en profite pour réfléchir et faire un petit pipi. C’est incroyable comme le fait de soulager ma vessie m’aide à ordonner mes idées. Ça vous fait pas ça, à vous ? Cette délicieuse sensation de libération, c’est un petit bonheur. D’accord, c’est pas un pied d’enfer, on est loin du nirvāna mais, tout de même, quand on a un gros chagrin à évacuer, rien n’est à négliger. On sonne ; juste le temps de m’essuyer, remonter ma culotte, Sandrine entre : — Tu devrais verrouiller ta porte, biquette, c’est pas très prudent.— Calme-toi, j’avais ouvert en prévision de ta visite, parce que j’avais un petit besoin et je voulais pas que tu prennes racine sur le palier.— Bien. Regarde-moi : tu n’as pas si mauvaise mine ! C’était quoi ce gros chagrin ? Je lui tends le doux billet de la DGI. — Ben quoi ? C’est une tax d’hab, je comprends pas, et pas méchante en plus !— Trois cent soixante-quinze euros, pas méchant, pour ce gourbi ? Je ...
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