Saint Matthieu et l'ange
Datte: 27/09/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
religion,
Collègues / Travail
revede,
pénétratio,
... tous les deux dans cette pièce sombre, silencieux, et peut-être un peu ahuris aussi. —ooOoo— Sans un mot, il tend l’infusion à Matthieu. Je suis tentée de me précipiter pour lui dire de ne pas boire, que ce n’est pas ce qu’il croit, que ces plantes ne sont pas du tout faites pour calmer ses migraines, que c’est plutôt la menthe qu’il ajoute avec qui a ce rôle, et encore… J’hésite, et je fais bien : il serait déplacé qu’en plus, frère Pacôme me sente si pleinement concernée par la virilité de frère Matthieu. Je suis tentée de rougir mais j’ai aussi très envie de rire, sans savoir si c’est nerveux ou sincère. Pendant que l’un avale sa boisson, l’autre l’observe d’un air hagard. Son regard oscille de lui à moi et de moi à lui. — Elle est venue m’apporter un café… avance Matthieu.— Mathilde aurait pu le faire, coupe frère Pacôme.— Elle n’aurait pas pu m’apporter de l’huile essentielle de menthe.— Je ne veux pas savoir Les yeux de frère Matthieu roulent dans ses orbites. Il semble aller un peu mieux. — Il n’y a rien à savoir ou pas savoir, Pacôme, c’est comme ça, c’est tout. Ne va pas chercher midi à quatorze heures, tranche-t-il. Son regard est glacé. Tant de familiarité m’étonne et me dérange. Je bouscule presque frère Pacôme pour sortir de la pièce, sans jeter un regard ni à l’un, ni à l’autre. Maintenant, j’ai honte et je suis énervée. Je crois que j’ai honte d’avoir cédé, et que je suis énervée d’avoir honte. Super. Je descends les escaliers quatre à quatre et atterris ...
... dans ma cellule. Les larmes aux yeux, je fourre toutes mes affaires dans mon sac. Quelle putain de mauvaise idée, cette recherche ! Quelle putain de mauvaise idée, cette migraine ! D’une part, j’étais à deux doigts de passer à l’acte avec un curé, et en plus, en plus, on a failli nous surprendre. Si ça ne mouillait que moi, ça irait. Là, ça met sûrement en péril la vocation de frère Matthieu, et rien que pour ça, je me trouve détestable. Sans parler qu’il n’a pas pris cette espèce de potion magique depuis plus d’une semaine et que j’imagine que sans ça, il doit redevenir « normal ». Disons. Humain. Disons. Homme. Et que moi, je suis seulement passée dans sa vie à ce moment précis : avec une autre, ça aurait sûrement été le même topo. J’ai envie de jurer. Très fort et très longtemps. Rien que pour les emmerder, toute cette bande de culs-bénis.« Je t’en donnerais, du cul, moi. » Il fait toujours aussi chaud. Je sue comme un marathonien au quarantième kilomètre. Je sais. Je suis déçue et rageuse de n’être « que celle qui passait par-là, au bon endroit au bon moment », devant un Matthieu « humain ». J’aurais préféré lui plaire. Juste lui plaire. Un raclement de gorge. Je tourne les yeux. Frère Matthieu est appuyé dans l’ébrasement de la porte.« Pas lui, pitié, pas lui… » J’ai tellement honte de le voir à nouveau en plein jour. — Vous partez ?— Non, je prépare un pique-nique dans la garrigue. J’ai rétorqué ça sur un ton qu’il ne méritait sûrement pas, mais je veux qu’il parte. — Ce ...