1. Saint Matthieu et l'ange


    Datte: 27/09/2020, Catégories: fh, hplusag, religion, Collègues / Travail revede, pénétratio,

    ... début, comme le chant du cygne d’un été agonisant, et glacé sur la fin. La ruelle est étroite, balayée par un vent de ville. Il y a un pot, avec de la menthe, devant l’entrée de chez elle. Il faudra que j’y pense, moi aussi, à fleurir ma porte. Je ne sais pas si elle sera là. Il est seulement seize heures. C’est l’heure du thé. Tant pis. De mon doigt, j’écrase la sonnette. Je passe une main dans mes cheveux que je n’ai pas coiffés. J’ai l’air bien bête, à présent, les mains fourrées dans les poches de mon blouson trop neuf. J’aurais peut-être dû acheter des fleurs, mais je me suis dit que j’aurais eu l’air encore plus bête. Je sonne une seconde fois, juste avant d’entendre des pas dévaler des escaliers et un « j’arrive ! » La poignée de la porte s’agite. Je crois percevoir une injure marmonnée, et la clef finit par tourner dans la serrure. La porte s’ouvre. Voilà, elle est là. Qu’est-ce que je fais, maintenant ? Qu’est-ce que je dis ? Quand elle m’a vu, ses yeux café se sont écarquillés derrière ses lunettes. J’avais l’avantage de la surprise, mais je n’ai pas su en profiter. — Bonjour, lance-t-elle. Franchement, il y a vingt ans, j’aurais dit que je la trouvais canon, dans son pull trop grand. Maintenant, je suis juste impressionné. — Je peux entrer cinq minutes ? j’ose.— C’est possible. Je la suis dans une pièce, sur la droite. — J’ai fait du thé. Tu en veux ? Elle me tutoie. C’est peut-être normal. Je pose mon blouson sur une chaise. De sa cuisine, qui communique avec le ...
    ... salon, on voit une petite cour intérieure. Tendance décoration, il y en a un peu partout ; mais surtout, il y a une grande bibliothèque, et des livres de ci, de là : sur des étagères, sur la table du salon, sur la table de la cuisine, sur le comptoir, dans une panière. — Tu travailles ici ? je lance, pour meubler.— Mon bureau est en haut. Je suis sur une publication. Sur ton monastère, d’ailleurs. Elle me jette un regard fuyant. — Tu es en permission ? questionne-t-elle avec un sourire. Elle m’invite à prendre place sur un gros fauteuil du salon avant que j’aie eu le temps de répondre quoi que ce soit, puis vient s’asseoir face à moi, deux tasses fumantes dans les mains, qu’elle finit par poser sur la table basse. — J’ai quitté le monastère en août. J’ai lancé cette affirmation sur un ton pas peu fier, croisant mes doigts derrière ma nuque, avec un sourire. Elle manque de s’étouffer avec son carreau de chocolat. Je ne m’attends pas à ce qu’elle me mette dehors, ni à ce qu’elle me saute dessus, d’ailleurs. — J’y suis pour rien, j’espère ?— Non, ce n’est pas toi, pas toi précisément. En fait, c’est un peu elle. C’est elle, le déclic. Je crève d’envie d’elle, même si ce n’est peut-être pas très correct, là, tout de suite, maintenant. Dehors, le vent souffle une bourrasque qui emporte un gobelet en plastique. On pourrait entendre les mouches voler, s’il y en avait encore. Je n’ai pas oublié comment on doit se comporter, en homme, pour conclure un coup, mais je trouve seulement ...
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