Saint Matthieu et l'ange
Datte: 27/09/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
religion,
Collègues / Travail
revede,
pénétratio,
... tout cela trop précipité. Et puis. J’ai peur : d’elle, de sa réaction. Je ne sais rien de sa vie. Peut-être que dans cinq minutes vont débarquer mari, enfants et chien, avec des sacs de courses, et que je n’aurai plus qu’à m’en aller fleurir ma porte. — Tu es seule ? Je ne sais pas comment j’ai osé. La fossette de sa joue gauche se plie. Elle sourit, derrière son mug, et me regarde. Pourquoi est-ce qu’elle me regarde de cette manière-là ? On dirait toujours que les femmes en savent plus que nous sur notre sort. — Là, tout de suite : non. Je suis avec toi. Si tu veux parler de mon lit, la nuit : oui, je suis seule, officiellement et officieusement. On ne pouvait pas faire plus limpide. — Et… tu fumes toujours ? je m’entends lui demander.— Sûr. Tu veux en partager une ? Par contre, je fume dans la cour. Le chat, continue-t-elle en montrant une énorme boule de fourrure marron que j’aurais cru être un pouf, il devient fou si je fume dedans. Je n’ai pas osé fumer une cigarette depuis que je suis sorti de Saint-Sauveur. Je ne voulais pas fumer seul. Je me sens comme un chien obéissant quand je la suis à l’extérieur. Il y a un cendrier posé sur le rebord de la fenêtre, et une table en fer forgé, un peu comme celle qui est au fond du jardin du monastère. — Tu veux pas prendre ta veste ? Tu n’as pas froid ? Je remarque qu’ils m’avaient manqué, pendant vingt ans, ces conseils féminins, quand elles nous parlent comme si elles étaient toutes nos mères. Je hausse les épaules en lui ...
... disant que je me suis forcément endurci un peu, à marcher dans des couloirs froids, là-bas. Elle me tend une cigarette, que j’allume, et elle en prend une pour elle. J’ai l’impression qu’elle a bien conscience qu’avec ce que j’ai sur le cœur, je vais avoir besoin de fumer ma clope jusqu’au bout. Je suis appuyé contre la fenêtre, face à elle, qui est assise sur une chaise. Son regard s’est fait interrogateur, comme si elle attendait que je lui raconte ce qu’il s’est passé, après qu’elle soit partie, en juillet. — Tu veux connaître la suite de l’histoire, après que tu sois partie ?— Pas spécialement, répond-elle avec un haussement d’épaules. Je ne garde pas de ce moment un souvenir très agréable. Elle fronce les sourcils et fait tomber la cendre de sa cigarette dans un gros pot en terre cuite. Sa remarque me douche un peu. Je dois avoir l’air déçu, car elle enchaîne : — Enfin, j’aime pas trop repenser à ce qu’il s’est passé à partir du moment où Pacôme est rentré dans ta chambre. J’imagine qu’il a ensuite fait débarquer Maxence, et que tu as dû aller voir l’abbé…— Et l’abbé est quelqu’un de bien, donc il m’a dit que si je voulais changer de communauté, il n’y aurait pas de problème, car personne n’avait été témoin de quoi que ce soit de répréhensible à mon égard. Et puis Pacôme s’était déjà vanté auprès de lui de ses potions magiques… Ils étaient complètement excités, avec Maxence, c’était triste à voir. J’avais besoin d’en parler, finalement. C’est comme si mon cœur s’allégeait. ...