1. Saint Matthieu et l'ange


    Datte: 27/09/2020, Catégories: fh, hplusag, religion, Collègues / Travail revede, pénétratio,

    ... —ooOoo— J’ai passé l’après-midi qui a suivi à reporter sur le plan mes cotes de niveau. J’espère que l’équipe archéologique qui viendra après moi s’y prendra un peu mieux et avec davantage de matériel. Pour l’heure, j’attends frère Matthieu qui doit sortir de complies ; il m’a promis un café partagé. Les cigales s’éteignent alors que le soleil se couche et que les grillons s’éveillent peu à peu. Il fait rose. Ce doit être l’un de mes moments préférés de la journée, sur le fil tiède entre le cagnard et la nuit. Une porte claque et je tourne la tête vers l’hôtellerie. Frère Matthieu entre dans la cuisine par l’extérieur et y disparaît, alors que frère Maxence s’en va à grandes enjambées dans l’autre sens. Il n’a pas l’air commode et plutôt remonté, à vrai dire. Quelques minutes plus tard, l’hôtelier ressort du bâtiment avec deux cafés. Il me rejoint à la vieille table de fer forgé où j’ai pris l’habitude de m’installer, tout au fond du jardin. Il se déleste brutalement des deux cafés et sort de sa poche une boîte d’allumettes. Je dois avoir l’air tellement abasourdi qu’il lâche un soupir en secouant la tête. — Frère Maxence vient de me faire une scène.— Ah bon ?— Il trouve que je sors trop. J’ai un rire étonné. — C’est sa manière à lui de me dire que je suis trop proche de mes hôtes, à son goût. Un vrai chaperon.— C’est fin.— En fait, c’est sa manière à lui de me dire qu’à son goût, je suis trop proche de vous. Je comprends enfin. Il lève ses yeux nuit vers moi. Son regard ...
    ... semble gentiment exaspéré, mais étonnamment pénétrant. — Je vois.— Je vous ai amené des allumettes, avance-t-il. Je suis touchée par sa volonté de voir se poursuivre ma destruction pulmonaire. Trêve de plaisanterie, c’est une attention que j’apprécie. Je craque une allumette et tire sur ma cigarette à m’en amaigrir les joues. Il m’observe, sans un mot. L’atmosphère est étrange. Il semble agacé. Ses doigts tambourinent sur la ferraille de la table. La lumière baisse. Il jette un œil vers l’hôtellerie à peine visible, et soudain il se penche vers moi. Ses doigts se saisissent doucement de ma cigarette et, sans se redresser, il la porte à ses lèvres. Il tire une taffe à s’en retourner le cerveau. Ses paupières se ferment longtemps, puis se rouvrent lentement. Moi, j’ai les yeux écarquillés. Il me rend ma clope avec un sourire soulagé et reprend appui au dossier de sa chaise. — J’en rêve depuis vingt ans. Oh, ne vous inquiétez pas : je me confesserai. Son sourire s’affirme et il passe ses doigts dans ses cheveux puis fait redescendre ses paumes sur son visage en levant les yeux au ciel. Quelques étoiles apparaissent. — Je ne m’entends pas très bien avec frère Maxence, mais je suis obligé de faire avec ; et ça fait, aussi, vingt ans que ça dure. Il ne faut pas croire que les moines soient capables d’une totale non-violence. Frère Simon-Pierre, qui est un peu bourru à vrai dire, lui a collé une bonne droite juste après avoir prononcé ses vœux définitifs. Ça l’a remis en place pour ...
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