1. Le prix à payer (1)


    Datte: 22/10/2020, Catégories: Hétéro

    ... personnes proches des proprios ou actionnaires, mais aussi, et surtout, qui sera plus malléable. C’est pourquoi, de côté-là, elle avait toujours su s’adapter à toute nouvelle tête dirigeante, toute nouvelle méthode de travail, toute nouvelle consigne, même si ça devait se faire en serrant les dents. Il ne fallait montrer également aucune empathie, aucun lien pouvant paraître amical avec quiconque, et supporter avec un masque d’indifférence totale, sans état d’âme, n’importe quel licenciement, n’importe quelle sanction infligée à un ou une collègue, et ne montrer qu’on ne porte aucun jugement négatif sur une telle décision. Au contraire, il fallait faire comprendre qu’on était du côté de la direction en toutes circonstance, qu’on approuvait toute décision prise à l’encontre de n’importe quel collaborateur, même si elle paraissait injuste, au risque de passer pour une vraie peau de vache sans cœur, ou au mieux un valet servile de son patron, et surtout bien prendre ses distances avec les ouvriers et le personnel situé au plus bas de l’échelle. Quant aux élus du personnel, n’en parlons pas. Elle se devait d’exprimer de temps en temps du mépris à leur encontre quand elle était seule avec son directeur, histoire de lui montrer qu’elle n’avait toujours pas changé de camp, qu’elle le soutenait en pensée lors des réunions de ces instances, auxquelles elle assistait, bien que ne mouftant pas ; mais elle était toujours invitée par celui-ci, histoire d’augmenter le poids physique de « ...
    ... la direction » face aux représentants du personnel. Pourtant ils n’avaient rien à lui envier ; s’ils avaient su de quel salaire elle se contentait depuis toutes ces années… à peine plus qu’eux. Parce que ça aussi c’était essentiel s’il fallait durer. Passée la cinquantaine, trop de salariés ayant un peu d’ancienneté dans une entreprise ont un salaire qui les met en péril : ils deviennent les personnes à virer en premier quand on met en place un plan d’économie. Irène savait qu’il ne fallait jamais demander une augmentation, encore moins se rebeller bien entendu, et si possible, ne pas avoir un salaire qui augmente trop, même mécaniquement. Cela l’aurait mis en concurrence avec des jeunes bimbos qui étaient prêtes à accepter n’importe quel poste au SMIC, du moment qu’il les sort du chômage et de la précarité, même si c’était un poste dégueulasse, multitâches, ingrat au possible, avec une charge de travail et des responsabilités exorbitantes, surtout eu égard avec le salaire minimum garanti. Au moins de ce côté-là, Irène n’avait pas à craindre les jeunes. Restait le physique, l’âge tout court, qui pouvaient devenir un handicap aux yeux d’un patron sans aucun scrupule. Passé un certain âge, certains salariés tombent malades, sont plus vite fatigués, et s’absentent en arrêt maladie, même si c’est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, et pour ceux qui comptent sur eux ou elles, ça devient lourd. Même si elle avait ses petits maux, ses problèmes hormonaux, son hypertension, ...
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