Chlorinde et Sylvestre
Datte: 17/10/2017,
Catégories:
fh,
ff,
forêt,
campagne,
amour,
conte,
fantastiqu,
fantastiq,
contes,
Il était en pays de Gaule, du côté de ce massif de montagnes que l’on appelle Morvan, au temps où régnait le grand Saturne, un chasseur qui avait nom Sylvestre. Le jeune homme aimait une jolie bergère, qui s’appelait Chlorinde. Mais, bien mal lui en prenait, car la jeune fille ne se plaisait qu’en compagnie de ses semblables ! Le drôle en était fort marri, et courait les bois, par monts et vaux, cherchant à soigner les meurtrissures de son cœur, par cette cruelle infligées. Un jour qu’il coursait un cerf, en compagnie de son chien Pellenore, il entendit des rires du côté de la rivière. Lors, se dissimula derrière roseaux et aperçut la blanche nudité de la belle Chlorinde. Elle avait blancs tétins de douces cerises adornés, et son ventre bien arrondi et mignon surplombait le connet joli, plus riche que Toison de Colchide. Comme belles colonnes de marbre de Carrare, ses longues jambes fines recevaient, en guise de fronton, les rondes et lunissantes blancheurs des fesses. Belles boucles blondes, comme pluie d’or fin, tombaient sur les épaules de cette Danaé ! Mutin visage, ses pommettes presque enfantines dans leur joliesse d’un petit nez s’enorgueillissaient, qu’eût volontiers peint le Titien… De magnifiques yeux d’azur céruléen venaient le tableau parfaire. Bouche gourmande, qui devait avoir goût de fraise, parfois s’ouvrait sur deux jolis rangs de perles, lors que riait la bergère. La jeune fille folâtrait dans l’onde pure de la rivière, en compagnie de deux donzelles de son ...
... âge, aussi brunes qu’elle était blonde ! Elles sortirent de l’eau et s’allongèrent sur la tendre mousse, qu’en sa bonté la chaste déesse avait déposée sur la rive, pour sécher aux rayons de Phébus leurs charmants corps de nymphes. C’est ainsi que Sylvestre, derrière roseaux en embuscade, les surprit à se prodiguer moult embrassades et caresses, et cette vision le remplit alors d’une tristesse que même le poète, qui d’Auguste s’attira l’ire, n’eût pu peindre en son art ! Le pauvre homme laissa précautionneusement sa cachette, et s’enfuit vers la cascade, en amont. Il escalada bravement les rochers et, une fois en haut, adressa cette prière aux dieux : — Dieux immortels, puisque ma belle Chlorinde dédaigne la gent virile, et qu’elle leur préfère les filles de Diane, qui à mœurs de Saphos font religion, puissé-je mourir ou être changé en l’une d’elles ! Sur ce, il se précipita dans le vide ! Mais, en cet âge d’or, les dieux étaient encore bienveillants à l’égard des hommes, et la déesse Artémis l’exauça. Il fut emporté par le courant jusqu’à cette plage où jouaient les jeunes filles. Il était comme mort mais il respirait, et la vie se répandait de nouveau en ses veines. Quand il ouvrit les yeux, il distinguait difficilement la lumière, ébloui qu’il était par les flèches acérées que le frère de la Déesse au croissant dardait sur son pauvre crâne meurtri ! Une nymphe le regardait : bientôt, il aperçut les traits tant chéris de la belle Chlorinde ! — Quel est ton nom ? demanda la ...