1. Chlorinde et Sylvestre


    Datte: 17/10/2017, Catégories: fh, ff, forêt, campagne, amour, conte, fantastiqu, fantastiq, contes,

    ... laissé sa fille de quinze printemps, la jolie Phyllis. Sylvia réclama l’hospitalité pour la nuit ainsi que le manger pour ses deux compères. Le vilain en fut gré, pour peu que ses hôtes lui rendissent quelques menus services… Sylvia s’enquit de la nature d’iceux. Clitandre avait pour désir que le loup gardât son troupeau de brebis pendant la nuit, car le vieux chien n’avait plus tellement l’ouïe fine. Ysengrin accepta. Le fermier demanda à maître Renart de veiller sur le poulailler. Ce dernier en fut gré. Enfin Sylvia s’inquiéta de quel service elle aurait à contenter son hôte. En guise de paiement, celui-ci lui réclama une nuit d’amour, car n’avait point eu commerce de femmes depuis trois ans et de virile puissance sa coupe débordait… Sylvia n’eut cœur de refuser, quoique l’idée lui en laissait un goût amer en son âme ! Mais elle pensait aussi à son ami Renart, qui tant de chair fraîche était affamé. Clitandre offrit une bonne poule au pot à ses hôtes. Qui lapa l’assiette, qui s’en délecta. Puis, goupil et loup sortirent à nuit tombée prendre leur garde. Quoique Phyllis ne fût point Chlorinde, et bien que brune, elle était belle à cœur, et Sylvia eût préféré dormir en ses bras, qu’en ceux du fermier aux muscles noueux, et à la peau tannée. Il la fit asseoir sur sa couche, et lui offrit une corne d’hydromel, laquelle un peu la conforta. Caressant les boucles brunes de ses doigts gourds, il fit descendre un pan de tunique pour lui palper le sein. Les mains calleuses ...
    ... griffaient la peau soyeuse de la jeune fille. Elle ferma les yeux, et serra les dents. Mais il lui ouvrit la bouche pour y plaquer son haleine fétide. Elle se détourna de dégoût et toussota. Il la gifla, et arracha l’autre pan de sa chemise, puis, sans ménagement aucun, il la plaqua sur sa couche. Il lui releva sa tunique, et découvrit le temple de Vénus. Fasciné par féminine nature, de fils de Bacchus il eut bientôt semblance, et sans ménagement aucun, la besogna jusqu’à force de contentement ! Alors, sur son côté retomba, et de sommeil s’effondra. Sylvia, sa nature outragée, pleurait des larmes amères et salées. La jeune Phyllis vint la trouver pour la cajoler. Bien eût voulu la baiser, mais Sylvia se souvint de son amour pour Chlorinde, et déposa gentiment son doigt sur ses lèvres, lui souriant pour la remercier. À l’aube, alors que ronflait encore le vilain, Sylvia trouva du fil pour raccommoder sa chemise, et sortit dedans la cour. La jeune Phyllis lui adressa un baiser pour lui signifier son adieu. Elle le lui rendit derechef, appela goupil et lupin, et tous trois se remirent en route. En chemin, Sylvia voulut se baigner dans l’onde pure de la rivière, pour se purifier des souillures de ce rustaud. Un saumon vint nager entre ses jambes, et il lui annonça que là-bas, à Beuvray, Chlorinde était inconsolable de son départ, et qu’elle parlait aussi de se jeter dedans rivière, si son amie aussitôt ne revenait. Cruel dilemme pour Sylvia, craignant pour la vie de son amie, mais qui, ...