1. Au temps de l'amour courtois


    Datte: 17/10/2017, Catégories: fh, historique,

    ... au bout d’une corde. Va te reposer. Je prends le premier tour de garde. Enguerrand en réalité ne dort que d’un œil, tous ses sens sont aux aguets. Il craint les brigands, les loups et les sorcières. Jamais il n’a enduré une telle fatigue. Mais par-dessus tout, entendre les « exploits » de ces deux soudards l’exaspère. Lui qui s’enivrait des paroles de l’abbé lorsque celui-ci faisait la lecture des Pères de l’Église doit accepter d’écouter de telles turpitudes. Quelle déception de découvrir que ces preux sont gouvernés seulement par leur ventre et leur membre viril ! Vin et luxure. En dehors de cela, rien ne compte vraiment dans leur vie. Le temps sera long. Heureusement, nulle embûche ne vient troubler leur chevauchée et au bout d’une semaine, les cavaliers arrivent crottés, trempés, mais saufs au château, escortés par une troupe envoyée par le Comte. Eudes les attend dans la cour. — Bienvenue, mes amis. Je suis heureux de vous voir ici. Malgré nos efforts, la contrée n’est pas toujours sûre. Venez vous restaurer. Vous pourrez ensuite vous reposer et vous changer. Une telle tenue ne sied point à des gentilshommes. Enguerrand ne peut cacher son admiration. Le modeste manoir de son père est protégé par une simple palissade de bois, ici tout est de pierre. Les murs sont vertigineux, les escaliers semblent taillés pour des géants et les portes de chêne sont cloutées de fer. C’est dans les cuisines que nos voyageurs retrouvent des forces. Du vin, un bouillon additionné de lard et ...
    ... quelques douceurs au miel leur permettront de tenir jusqu’au repas du soir. Mais ce qui compte avant tout est de retrouver figure humaine. Une servante vient ainsi leur annoncer qu’un bain chaud attend chacun d’entre eux. Ils n’en sont guère étonnés. L’eau fait partie de leur univers encore marqué par l’héritage gallo-romain. Mais c’est un luxe, car elle est rare. Aussi est-elle appréciée. Et c’est avec un soupir d’aise qu’ils quittent la table pour se diriger vers leur chambre. Enguerrand entre dans la pièce, une cuve de bois l’attend, pleine d’eau fumante. Les servantes finissent de la remplir en riant. Elles sont d’âge mûr, mais encore fort accortes. Le jeune homme, intimidé, ne sait trop quoi faire. L’une d’entre elles, une bonne fille aux larges hanches, se tourne vers lui : — Qu’attend notre jeune sire ? Allez, mon garçon, enlève ces vêtements crasseux. N’aie point honte de ta nudité. Dieu t’a fait ainsi et toutes deux nous sommes mariées et avons des fils. Nous savons bien comment un homme est fait. À moins que tu aies peur de nous… Le jeune homme se déshabille prestement, mais garde chastement les mains croisées sur son sexe pour entrer dans l’eau. Il s’y glisse ensuite avec délice. Quel plaisir de se débarrasser de la sueur et de la poussière accumulées tout au long de ce chemin. Il ferme les yeux de contentement. Il manquait de s’endormir lorsqu’une des servantes entreprend de le frictionner avec vigueur, ce qui le ramène à la réalité. Ses larges mains frottent son ...
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