Acte II : Thomas l'imposteur
Datte: 20/10/2017,
Catégories:
cérébral,
Ce texte n’est qu’une réponse au texteActe 1 posté parDe Vous à Moi, qui invitait d’autres contributeurs à le prolonger. Je l’ai rédigé à toute vitesse et à l’instinct, improvisant chaque ligne, en m’y autorisant simplement la coquetterie de quelques clins d’œil pour les lecteurs de mes textes précédents. Que d’autres n’hésitent pas à proposer leur propre « Acte 2 », leur version de ce qui se trouve de l’autre côté de la porte, en particulier s’ils souhaitent suivre de plus près la trace de l’auteur original. Qui ne m’en voudra pas, je l’espère, de cette réponse si éloignée de ses prémices, à force d’être spontanée et sincère. Ma version n’engage que moi et n’oblige personne. D’autres pourront proposer un écho plus symétrique, plus fidèle au défi initial. Ou laisser le récit vagabonder sur les chemins de leur imaginaire pour un « Acte 3 » qui leur ressemble. Ce n’est qu’un jeu, après tout… ____________________________ Je déteste les hôtels. Je hais l’accueil froidement courtois du concierge, ses questions polies, leur mécanique si rodée, si prévisible. Je n’aime pas l’ambiance des lobbies, encombrés de gens en transit, un sas étanche, une salle d’attente superlative. L’attente du taxi, du bus, de la chambre à libérer. On s’y croise, on s’y ignore. Et par-dessus tout, je hais les chambres d’hôtel, l’odeur fade et synthétique de la moquette récemment aspirée qui vous saute à la gorge, vous envahit jusqu’à la nausée et vous pousse aussitôt à ouvrir la fenêtre, avant de vous ...
... rendre compte qu’on ne peut que l’entrebâiller. Les chambres d’hôtel déposent en moi un sentiment d’exil, une poussière de l’âme. Elles font pourtant de leur mieux pour tenter de me rassurer, avec leurs attentions standardisées. Le personnel a été formé à reproduire de façon fidèle, jusqu’à l’obsession, le placement de tout cet attirail de l’accueil, afin qu’il soit toujours identique, dans chacun des établissements que possède la chaîne, de Hong Kong à Vancouver en passant par Paris, Londres ou Rio. L’angle de la diagonale que forme le peignoir plié par rapport au bord du lit. Le message de bienvenue rédigé en quatre langues, mais dont aucune ne vous parle. Les trois bonbons à la menthe sur la soucoupe, la télécommande qui vous invite à découvrir sur l’écran tous les services susceptibles de gonfler l’addition. Leroom service. Les salles de conférence. Lapay TV. Le centre de fitness. Tout cela est si prévisible. Tout est fait pour vous éviter le vrai voyage, le dépaysement. Surtout, qu’il n’y ait pas de surprise. Chambre 327. Elle ne va pas tarder. Que vient-elle chercher ? La matérialisation de ses fantasmes ou la vraie surprise ? Tout a été convenu, prévu, décrit. À quel scénario veut-elle obéir ? Et moi, moi surtout, que viens-je chercher ici ? Moi qui ne suis là que par effraction. Moi l’imposteur. Trente-trois ans déjà que je suis ce voleur d’intimité, chargé de surveiller les vies d’inconnus. D’abord au service des écoutes téléphoniques de l’Élysée, avant que le scandale ...