Bal masqué (1)
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
Transexuels
... Bon, c’est pas tout, mais qu’est-ce qu’on mange ? demanda Papa. — Je n’en sais rien répondis Maman, mais je vous avoue que je n’ai pas trop envie de faire la cuisine ce soir. Une pizza, ça vous dit ? Tout le monde accepta. Sauf moi qui m’abstins. — Je vais me changer alors, dis-je. — Pourquoi ? Tu es très bien, dis maman. On va te repoudrer le nez et on y va. Une petite voix en moi me disait que tout était déjà prémédité et que le soi-disant prétexte d’être la plus crédible possible pour le prochain bal costumé ne tenait plus qu’à un fil. Je me résignai. De toute façon à quoi bon protester. Ça ne pouvait qu’être pire. Le seul vrai problème était qu’on avait nos habitudes dans la pizzeria. On y allait régulièrement et le patron nous connaissait bien. Même moi qui n’avais plus besoin de lire la carte car je prenais toujours la même chose. Comme promis, Maman retoucha mon maquillage. Et fit l’effort de s’apprêter en changeant de tenue et de chaussures. Je n’étais plus la seule à porter des talons hauts. Dans un sens, ça me rassurait. Même Léa troqua son jean contre une robe. Le patron, toujours aussi volubile, nous accueillit avec sa voix de stentor, de grands gestes et un fort accent italien. Accent tout ce qu’il y avait de plus artificiel quand on s’appelait Yves Lecoz et qu’on avait grandi dans la campagne rennaise. Mais c’était sa façon à lui de tenir sa boutique qui oscillait dangereusement entre pizza et comedia dell arte. ajnattfp Et c’est tout en grandiloquence ...
... napolitaine qu’il s’inquiéta de ne pas voir le petit Thomas. — Non pas ce soir, répondit Maman. Il est chez sa grand-mère. Par contre, on est venu avec sa cousine, Sarah. Et Yves reprit son numéro, me souhaitant la bienvenue et n’hésita pas à me faire la bise. Il prit la commande et, bien sûr, je faillis me griller en voulant commander ma pizza habituelle, celle au chorizo et merguez. Je me rabattis sur une végétarienne, pensant que ça ferait plus fille. Maman se retint difficilement d’éclater de rire. Il ne s’agissait plus pour moi de simplement me comporter en fille. je devais jouer un rôle. Celui de Sarah, la cousine de Thomas. Je ne devais plus être moi mais quelqu’un d’autre et pas seulement vestimentairement. C’était troublant. Les pizzas arrivèrent et le patron me servit en dernier. — Et une végétarienne pour la jolie demoiselle ! clama-t-il en forçant sur l’accent transalpin. Je me demandai s’il était sincère ou s’il se moquait de moi, ayant compris que la cousine et le jeune Thomas étaient la même personne. Le repas se déroula dans l’ambiance habituelle. — Je vais aux toilettes, annonçai-je à voix basse. — Je t’accompagne, dis Maman en se levant à son tour. Nous descendîmes au sous-sol. — Par ici, dit Maman en montrant les toilettes des filles. Nous fîmes notre affaire et on se retrouva devant les lavabos. Elle remit du rouge à lèvres et me tendit le lipstick. D’abord surprise, je repeignis délicatement mes lèvres. L’exercice me donna des fourmillements dans mon ventre. ...