1. Les Parques 2/8


    Datte: 03/01/2021, Catégories: ff, couleurs, asie, Collègues / Travail Oral policier,

    ... tête tournée sur le côté, le bras tendu et l’index pointé vers l’écran de la tablette de contrôle, statufiée, souffle coupé. Bouche béante, visage totalement figé à part les yeux, exorbités et dont les iris semblaient vibrer, monter et descendre à toute vitesse, au rythme accéléré de ses paupières papillonnantes. Épouvantée, Bérénice s’était relevée d’un coup, avait attrapé son amie sous les bras à l’instant où elle commençait à s’affaisser doucement. Sa panique s’était décuplée lorsque les iris avaient basculé en arrière, ne laissant plus que le blanc des yeux visible ; le corps d’Amélie était devenu trop lourd pour elle, et elle l’avait laissé glisser doucement jusqu’au sol. Allongée par terre, Amélie ne respirait pas, mais son corps tremblait d’un bloc, des pieds à la tête. Inspirant profondément, Bérénice lui avait insufflé alors une forte goulée d’air, puis une seconde, avant d’appuyer sèchement, les deux mains superposées à plat, sur l’abdomen gonflé. L’air accumulé avait jailli brutalement, la jeune femme avait hoqueté, toussé, avant d’avaler enfin par elle-même une longue goulée d’air. Son regard réapparut, une légère coloration monta sur ses joues. Les tremblements de son corps s’étaient arrêtés : elle avait repris conscience. — Merci… avait soufflé Amélie. Merci, et n’aie pas peur : c’est rien. Pas peur ! Pas peur ! Facile à dire ! Alors qu’Amélie reprenait ...
    ... pied, Bérénice avait craqué : à son tour de trembler de tous ses membres, de s’effondrer. Des larmes avaient roulé sur ses joues, baignant son visage et son cou. Serrées l’une contre l’autre au sol, elles s’étaient consolées l’une l’autre, se caressant doucement visages et cheveux. — Depuis l’accident, je fais des crises de panique. Assez souvent. Amélie avait expliqué les tremblements irrépressibles, la paralysie des poumons, les arrêts respiratoires induits par ces crises, les évanouissements qui finalement délivraient son corps. Quand Bérénice lui avait demandé quels événements déclencheurs la faisaient plonger dans cet état, les réponses avaient été évasives. — Mais là, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu pointais le doigt vers l’écran. Qu’est-ce que tu as vu ?— Je ne sais pas, Bérénice, je ne sais plus, avait répondu tristement son amie. Tout à coup, dans son fauteuil dans la voiture qui file sous la pluie, Bérénice comprend le trouble qui la tracasse depuis le début de la matinée. Elle se souvient de ce qu’elle avait vu plus tard en visionnant les dernières images enregistrées ce soir-là, juste avant que les trafiquants ne quittent le club libertin. Une image fugace, qu’elle n’avait pas remarquée à ce moment-là, mais qui s’était imprimée dans sa mémoire. Celle de Belaoui opinant discrètement du chef en passant près d’un homme assis au bar : Aubert de Veillefonds. 
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