Et j'entends siffler le train... - Histoires de Sexe

Et j'entends siffler le train...

... sûre du contraire et le fatiguait parfois avec des interrogatoires à propos de telle ou telle autre. Il dormit peu, se réveilla avant la sonnerie et arriva à la gare une demi-heure avant le départ du train, ce qui était exceptionnel pour lui qui était plutôt du genre à arriver presque trop tard. Généralement il s’écroulait à sa place et dormait jusqu’à destination. Mais, ce matin, Michel avait quinze ans. Il courait presque dans les escalators. C’est dans cette même gare qu’il avait attendu son premier amour quand elle arrivait de sa banlieue. Ça faisait vingt-deux ans de ça. Presque l’âge de Julie. À l’époque ils avaient dix minutes, montre en main, pour se rouler le plus de pelles possible avant de partir pour le lycée. Chaque matin il manquait d’éjaculer dans son slip. Elle s’appelait Marie-Laure. C’était la plus belle fille du monde. Il était amoureux pour la première fois. Il ressentait la même chose aujourd’hui. Un cœur d’adolescent mais une sexualité d’adulte. En même temps, Julie n’avait pas été loin de le faire jouir sans le toucher l’autre soir… À mesure qu’il s’approchait de la cafétéria, il repensait à la soirée. Les battements de son cœur descendaient dans son ventre, puis son bas-ventre. Comment serait-elle habillée ? Quand il avait seize ans, il ignorait que les vêtements sont « langage ». Certaines tenues féminines disent « Pas touche ! » ; d’autres disent « Pourquoi pas ? » ; d’autres, moins fréquentes « Entrée libre ! » Julie avait indéniablement choisi une ...

... tenue « Pourquoi pas ? » Jupe portefeuille grise et fluide qui lui arrivait bien au-dessus des genoux. Bustier rose profond à bretelles avec une chemise blanche légèrement transparente. Les cheveux lâches tenus par ses lunettes de soleil. Ses jambes étaient gainées de nylon gris clair légèrement brillant. Bas ou collant ? se demandait Michel. Il s’était arrêté net pour la regarder et elle ne l’avait pas encore vu. Une jeune femme superbe. Voilà ce qu’elle était, et elle l’attendait debout à quelques mètres de la cafétéria. Elle l’attendait, lui ! Il profitait pleinement de ce qu’il voyait comme on déguste la première gorgée de bière après un été d’abstinence. Elle était superbe, presque trop. Elle n’avait que vingt-trois ans mais en faisait trente avec sa petite valise à roulettes genre « Working Girl ». Michel n’était pas le seul à l’observer. Il remarqua rapidement deux ou trois autres hommes, assis devant leurs cafés, qui la reluquaient ostensiblement. Ils devaient tous espérer se trouver à côté d’elle dans le train. Il ne savait que trop le type de pensées qui devaient accompagner ces regards. « Si elle prend le TGV pour Paris, je me la taperais bien dans les chiottes » ou bien « Si je la croise dans le wagon-bar, je me frotterais volontiers à son petit cul » ou encore « Je l’attire discrètement dans un compartiment pour un petite pipe ! ». Jaloux et en colère contre ces hommes, Michel n’en sentait pas moins son érection augmenter en pensant à ces regards concupiscents. ...