Ce que je suis (1)
Datte: 15/02/2021,
Catégories:
Lesbienne
Paris à la fin mai offrait quelques possibilités de s’amuser à deux nanas au seuil de leurs 19 ans en vacances après une première année de fac. J’avais rencontré Chloé à la mi-septembre 2015 en intégrant la section Lettres modernes de la Sorbonne, quand la peur de l’inconnu se disputait au désir de réussir. Restait huit mois plus tard la certitude d’avoir suivi la bonne voie, ma passion pour la littérature se confirmait ; heureusement car aucun autre centre d’intérêt ne me faisait vibrer. Les mecs ? Bof ! Ça ne valait pas un bon bouquin. La comparaison avait provoqué des crises de fou-rire dans l’amphithéâtre même parmi les rangs de la gent masculine. Quelques expériences pitoyables m’avaient refroidie au point de décréter un moratoire sur mes relations amoureuses. Chaque chose en son temps disait le proverbe, si l’oiseau rare croisait mon chemin, je saurai bien le reconnaître. Le fait qu’il se fasse attendre ne m’empêchait pas de dormir. On s’éclatait davantage entre copines à l’écart des réflexions machistes, des regards libidineux, des propositions graveleuses. Pour les mecs, la drague consistait à fabuler, à se faire mousser en public d’une voix forte pour marquer leur territoire, mais surtout à ne jamais prendre le temps de s’intéresser à nous autrement que sur un plan physique. Nous étions des proies dans l’esprit des jeunes coqs à l’ego surdimensionné. Certaines s’en satisfaisaient, tant mieux pour elles, ou pour eux. Ma libido plutôt discrète en apparence, ...
... l’approche de la volupté se faisait en secret dans ma chambre par des attouchements, par des caresses innées que j’avais appris à maîtriser au fil du temps jusqu’à distinguer la notion de plaisir. La masturbation restait un exercice gratifiant capable de calmer les poussées hormonales. Là non plus aucune question, aucun malaise provoqué par une sensation de manque. – À quoi tu penses ? s’esclaffa Chloé la joue collée à la mienne au-dessus du lavabo de la salle de bain, amusée de surprendre ma réflexion dans le miroir. Tu veux y aller ou pas à cette soirée ? Les courts cheveux blonds frangés sur un front haut, les sourcils bien dessinés plus sombres, le profond regard bleu en perpétuel mouvement, le nez moucheté de taches de son, deux adorables fossettes mettaient la petite bouche sensuelle entre parenthèses. Sa beauté naturelle n’avait besoin d’aucun artifice. Sur un plan personnel, les cheveux châtains mi-longs coiffés en un chignon informe, les sourcils fournis me donnaient un air buté. Les yeux bleus, le nez droit un peu épaté à la base, la bouche charnue ouverte sur la lèvre inférieure ourlée, je m’enorgueillissais d’un teint hâlé hiver comme été. – Ça ne coute rien d’aller y faire un tour, on jugera sur place. Les soirées étudiantes n’étaient pas réservées à l’intégration de la nouvelle vague, en début d’année peut-être, mais cela se transformait rapidement en « Binge Drinking » au cours desquels il fallait boire jusqu’à l’ivresse en un minimum de temps ou en « piège à nanas » ...