1. Folies en rut majeur (1)


    Datte: 22/02/2021, Catégories: Divers,

    ... nous déjeunons toutes les deux ? Mais tu attends que j’aie fini mon service. Et vers quatorze heures, les deux femmes se mettaient à table. Là encore une sorte de rituel, presque une coutume, puisque pratiquement tous les mardis, elles se racontaient leur semaine. Célibataire depuis son divorce, Marianne avait repris le petit restaurant de ses parents. Elle était aussi rousse que son amie Aline était brune. Totalement différente, la restauratrice ne savait jamais résister à une bonne table et son aspect physique en gardait les traces évidentes. Elle n’était pas obèse, non ! Mais, comme elle le précisait elle-même, il y avait de la « viande sur l’os ». Elle formulait aussi qu’il valait toujours mieux faire envie que pitié. Elles parlaient de tout, du temps, du gamin d’une autre amie, des vacanciers qui ne lâchaient plus vraiment les lacets de leurs bourses et qui ne venaient plus aussi nombreux déjeuner ou dîner chez elle. Aline depuis longtemps ne posait plus de question sur la vie sentimentale ou amoureuse de sa rousse amie. Elle savait que la situation rendait plutôt boulimique cette cuisinière hors pair qu’elle était. Pourtant, ce mardi-ci, elle aurait aimé ouvrir son cœur à son amie, lui parler de ses craintes, de son ennui aussi. Elle aurait bien déballé cette rancœur qui la bouffait jour après jour. Mais elle avait toujours un peu soupçonné Marianne d’être restée amoureuse de son Gaby. Ils avaient tous les trois fréquenté les mêmes bancs de l’école communale, eu les ...
    ... mêmes attraits, vécu ensemble tellement de choses qu’Aline avait toujours su que le modèle masculin de la plupart des filles de leur classe… avait été… celui qui désormais était son mari. Elle dériva sur l’homme rencontré à l’étal des légumes. — Tu imagines un peu ? Il ne se serait pas poussé pour autant. Vois-tu, je n’avais pas d’autre choix que de le toucher en passant. — Ça n’arrive qu’à toi… j’aurais presque aimé être à ta place. Un Italien tu dis ? Un vacancier en mal de conquête sans doute. Il y en a toute une ribambelle dans les hôtels de chez nous. — Enfin, c’est moi qui dit Italien, il ne l’est peut-être pas ! — Un beau ténébreux aux cheveux corbeau ! Et bien qu’il vienne donc dans « il mio modesto ristorante ». Les deux femmes en se regardant dans les yeux se mirent à rire. Aline sentait cependant dans la voix de son amie des trémolos proches des larmes. Elle n’insista pas et finalement, quelques minutes après le café, elle reprenait le sentier qui la ramenait chez elle. Elle rangea ses courses et s’installa confortablement dans son salon, attendant le retour de son mari. Elle fermait les yeux et le visage cerclé d’une tignasse sombre revenait avec la voix à l’accent chantant. Un homme du sud sans aucun doute. Il avait laissé comme un trait, une zébrure dans sa vie bien rangée, et pourtant ? Il ne s’était vraiment rien passé. Pas de quoi fouetter un chat, juste une rencontre comme chacun pouvait en faire des dizaines par jour. Pourquoi celle-ci avait-elle laissé une ...
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