1. Folies en rut majeur (1)


    Datte: 22/02/2021, Catégories: Divers,

    ... pareille trace dans sa mémoire ? Le bruit du véhicule qui rentrait ne lui laissa plus le loisir de songer à ce brun ténébreux. Son mari avait l’air épuisé, les pieds traînants, lessivé par une journée de boulot épuisante. Elle lui en demandait trop ? Elle en voulait trop ? C’était-elle au final qui se trouvait mauvaise conscience. Peut-être que la prochaine fois qu’il lui ferait l’amour… ça serait… bon, à défaut d’être génial. Gaby se plongea dès son arrivée dans l’étude d’un dossier. Aline soupira… il rapportait maintenant le bureau à la maison ! — oooOOooo — La soirée fut longue et monotone ! Pourquoi, alors que son mari se colletait avec un dossier haut comme le bras, le programme de la télévision était-il aussi nul ? Elle décida en dernier ressort d’aller lire au lit, ce qui serait nettement plus sympa que cette soupe que distillait le petit écran. Elle s’approcha de l’homme qui ne leva pas même la tête des pages dactylographiées ouvertes devant lui. — Tu ne viendras pas te coucher trop tard ? — Non ! Rassure-toi ! J’en ai encore pour quelques minutes… Elle étendit la main et la passa sur la joue râpeuse où la barbe du jour lui donna un frisson. Par ce simple geste, d’autres souvenirs remontaient par vagues à son esprit. Elle s’en souvenait de ces heures qu’il passait à la caresser, posant son visage entre ses deux cuisses largement ouvertes. Cette barbe naissante l’irritait, l’envoutait, lui envoyait de l’électricité partout. Mais cela… c’était… il y avait bien ...
    ... longtemps déjà. Les années avaient effacé ces gestes si amoureux. Du couple de ces bons moments, que restait-il vraiment ? Un type un peu plus âgé qui s’enfonçait dans les histoires des autres, une femme qui arrivait à se demander où se trouvait sa place dans ce foyer. Elle s’endormit une fois de plus, sans qu’il se soit encore alité. Dans la nuit, un sursaut réveillait la brune endormie. Elle vint, en tendant la main chercher celui qui devait aussi dormir à ses côtés. Les doigts ne trouvèrent que le drap vide. Elle se releva sans bruit. Au bureau la lampe était encore allumée. Il était toujours assis, une tasse de café posé près de lui. Gaby avait ses lunettes vissées sur le nez et le dossier n’était toujours qu’à demi fini. Elle se faufila derrière lui, ombre mouvante dans l’attente de son homme. Il ne bougea pas l’annulaire quand les cheveux mi-longs d’Aline rencontrèrent son visage. — Pardon ! Je n’avais pas vu qu’il était si tard ! Tu sais demain… enfin… tout à l’heure, j’ai une audience terriblement compliquée. Mais bon, j’arrive, mon cœur. — Gaby ! Oh Gaby ! Mais que nous arrive-t-il ? Nous allons nous perdre à nous croiser sans plus jamais nous rejoindre… Il n’avait pas répondu, s’était seulement levé de son siège de cuir. La petite lampe qui éclaboussait le bureau, fermée, il lui prit la main pour aller se coucher. La nuisette noir et rouge dansait dans la lueur qui venait de la chambre conjugale. Il se dévêtit prestement, passa quelques minutes à la salle de bain et reparut ...
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