Un jour de pluie
Datte: 16/03/2021,
Catégories:
amour,
revede,
Oral
nonéro,
policier,
... toujours dans des situations impossibles ? J’aurais tout aussi bien pu prendre ma voiture et me rendre au centre commercial pour y attendre les clientes du dimanche. Mais non, il me fallait de l’exceptionnel, de l’imprévu, des surprises, des émotions. Combien de temps allais-je l’attendre encore, cette émotion sous forme de vision céleste d’une grande beauté qui marcherait vers moi sous le déluge… Ou, finalement, est-ce au café du coin où j’irai me réfugier une fois bien transi que je trouverai ma perle ? Il faut dire que j’avais perdu ma dernière perle lors d’un accident de bateau. Il y avait eu une tempête, elle avait bêtement glissé sur le pont et avait été projetée par-dessus bord. Je n’avais pas pu la rattraper. Je n’avais pas pu la retrouver. Je l’avais perdue pour toujours. Elle était morte. Par ma faute. Je n’avais pas été là pour elle. C’était un jour de tempête et il pleuvait. Depuis, je sors sous la pluie à la recherche de celle qui l’aura bravée, de celle qui sera plus forte qu’elle, de celle qui ne se fera pas enlever par cette eau que j’aime et que je déteste tout à la fois. Je veux me venger de la pluie en trouvant ce que la pluie a à m’offrir. Je serai plus fort que cette eau qui mouille mon corps. Je marche donc le long du quai désert en regardant au loin la mer uniformément grise, mais pourtant parcourue de mille nuances. Je ne voulais pas voir ces nuances. Je voulais me noyer dans mon désespoir. Cette mer maudite m’avait enlevé Hélène. Nous étions faits ...
... l’un pour l’autre. Hélène et Martin, le même nombre de lettres dans nos prénoms, le même amour des promenades en bateau, le même amour des manifestations violentes de la nature, vents ou orages. Mais cette masse sombre me nargue à présent et semble me ramener à mon triste sort, avec un genre de sourire le temps d’une éclaircie sans raison. Je marche toujours et rien ni personne ne trouble mon champ de vision. Je chasse mes idées noires en même temps que l’eau sur mon visage. Je redécouvre l’espace d’un instant le plaisir de pencher la tête en arrière sous les attaques furieuses et piquantes des gouttelettes qui tombent dru. C’est un plaisir presque sexuel, un peu comme des cheveux de femme qui fouettent mes joues au passage, alors qu’un corps déchaîné s’active sur mon bas-ventre. Pur plaisir… Mais tout ceci est loin, si loin. Il y a tellement longtemps que je n’ai pas senti le parfum d’une femme, je donnerais beaucoup pour que ma promenade d’aujourd’hui porte ses fruits ! Il me semble maintenant que ça fait plus d’une heure que je marche, et pourtant non, l’église n’a pas sonné l’heure suivante. Mes jambes se fatiguent et mon esprit se lasse de cette attente. J’ai fait le tour du quai, je suis remonté vers le village, puis je suis redescendu par l’autre route, pour varier un peu, pour faire passer le temps, pour retarder le plus possible l’instant où j’abandonnerai tout espoir. Je ferme brièvement les yeux et je la vois, Hélène, comme si c’était hier. Elle riait aux éclats à cet ...