Dans la nécropole des Taureaux Apis
Datte: 29/06/2017,
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... ressentis son vague à l’âme en pénétrant dans les ruines de ce qui fut un lieu de grande ferveur et le berceau du culte d’Imhotep, le grand architecte devenu Dieu. Il avait également une énorme réticence à entrer dans le domaine des morts. Chantal, toujours suivie par son chevalier servant, marquait la même hésitation, preuve de la force des tabous et des interdits. Après avoir visité plusieurs mastabas, nous ne pûmes nous engager dans le couloir bas qui mène à la pyramide du Roi Ounas. Le malaise nous gagna et Chantal dut s’asseoir sur un linteau de pierre. Le jeune couple l’y rejoignit, l’homme s’enhardissant à proposer sa bouteille d’eau à Chantal, qui ne la refusa pas. Jacques et Béatrice étaient de Paris, ce qui prouve que toutes les femmes blondes à la peau blanche ne sont pas de Lille. Comme nous, mariés depuis plus de deux ans, sans enfant, ils s’offraient l’Égypte de leurs rêves. Sympathiques et curieux, nous n’eûmes aucun mal à séduire Jacques qui cachait mal son trouble, mais Béatrice était méfiante et avait vu la manœuvre de Chantal dans le bus. Elle tentait de nous convaincre de rejoindre le groupe. C’est alors que Chantal, conseillée par Nofret, proposa avec autorité de quitter le groupe et de nous rendre directement à la nécropole des taureaux Apis, que les Grecs avaient surnommée le serapeum. Sans attendre la réponse, elle prit le bras de Béatrice et se dirigea en contrebas vers un bâtiment de béton moderne en ruine. Elle marchait avec l’assurance de ...
... celle qui connaît les lieux et nous guida sans peine dans les allées de sable, vers une volée de marches qui descendait dans une crypte. Creusée dans le sous-sol, cette nécropole accueillait les sarcophages des taureaux Apis, logés dans de monumentaux hypogées creusés de part et d’autre d’une allée circulaire et poussiéreuse. Sans porter la moindre attention aux énormes sarcophages de granit qui gisaient brisés dans leurs chapelles, elle nous poussa vers la crypte la plus éloignée de l’entrée, sauta par-dessus les barrières et, longeant le monolithe, elle déchiffra par la voix de Nofret les hiéroglyphes gravés sur les flancs, laissant Jacques et Béatrice béats et incrédules. Ses incantations étranges s’envolaient vers les voûtes de pierre, puis elle poussa sur l’anneau d’une clef Ankh gravée à l’extrémité et, devant nos nouveaux amis anéantis par la surprise, elle entreprit avec une facilité déconcertante de faire pivoter les centaines de tonnes du cercueil de pierre qui, mollement, dans un crissement de gravier moulu, se prêta à cette sollicitation sans rechigner, découvrant un passage et un escalier. Sortant de la poche de son sac une lampe maglight, elle nous fit signe de la rejoindre. Je dus porter Béatrice, à cause de sa petite taille, pour la remettre à Jacques en lui faisant franchir les barrières métalliques. Je sentis, sous le tissu de sa robe, les os de ses côtes, le bandeau et l’agrafe de son soutien-gorge tendu par ses gros seins, et la peau de ses cuisses sur mes ...