1. 0202 Colère, regrets, remords, coup de fil et vent d’Autan.


    Datte: 04/11/2017, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... nous parle des choses laissées derrière nous, des souvenirs déjà lointains, et de l’inconnu qui s’ouvre devant nous. Oui, on a beau s’être plaints pendant des mois des affres de la chaleur ; lorsque l’automne se manifeste, on regrette instantanément ce qu’on a déploré quelques semaines plus tôt. Ou même juste la veille. L’estate sta finendo, lo sai che non mi va/L’été est en train de mourir, et tu sais que je n’aime pas ça C’est le refrain d’un vieux 45 tours italien qu’écoutait maman quand j’étais enfant et dans lequel je retrouve toute la morosité de ces premiers jours de septembre. L’été est en train de partir et l’automne arrive ; une page se tourne, en emportant avec elle les souvenirs d’un été déjà lointain dans mon esprit, les souvenirs de ce qui était et qui n’est plus, de ce qui est désormais – et à tout jamais – derrière moi. Et le souvenir que je regrette par-dessous tout de laisser derrière moi est bien évidemment celui de cette semaine magique où, chaque jour pendant sa pause, Jérém était venu chez moi ; cette semaine où il semblait si détendu, si touchant, si différent ; cette semaine où il avait enfin accepté un peu de tendresse, quelques caresses, quelques bisous ; cette semaine où il m’avait fait l’amour et non pas juste la baise ; cette semaine où j’avais cru qu’un lien spécial était enfin en train de se tisser entre nous, un lien qui aurait résisté à la distance et au temps. Pendant une poignée de jours, j’ai cru que quelque chose était possible avec Jérém, ...
    ... quelque chose au-delà du sexe, à condition que je sache attendre ; j’ai cru qu’on trouverait le moyen, car on l’aurait voulu tous les deux, de continuer à se voir, à s’aimer malgré la distance qu’allait s’installer entre nous. J’ai cru que notre relation allait évoluer, parce que Jérém était en train de réaliser que j’étais spécial à ses yeux. Désormais, je sais que ce ne sera pas le cas. Lorsque je pense à cette semaine magique et aux espoirs qu’elle avait fait naître en moi, avant qu’ils ne soient anéantis, je me sens perdu, malheureux, plein de désespoir ; j’ai l’impression que je ne pourrai plus jamais ressentir des sensations positives. Je voudrais trouver le moyen d’aller de l’avant, de me ressaisir, de me soustraire à cette dérive vers une tristesse sans fin : je n’y arrive pas. Il y a bien une chose à laquelle je m’accroche pour essayer de relativiser mon chagrin, toujours la même, comme le seul pansement possible sur une blessure qui ne guérit pas : Jérém s’est réveillé du coma, il est vivant, et c’est le plus important. Oui, Jérém est vivant, mais je l’ai perdu à tout jamais. C’est dur de l’accepter, mais je dois m’y faire. J’essaie de me convaincre que c’était mon destin, que je ne peux rien contre ce destin, que nous n’étions pas faits pour être ensemble, car nous sommes très différents, trop différents ; que, de toute façon, désormais nos planètes nous séparent ; qu’au fond, c’est une bonne chose que Jérém n’ait plus à se prendre la tête avec moi et avec ce côté ...
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