1. 0202 Colère, regrets, remords, coup de fil et vent d’Autan.


    Datte: 04/11/2017, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... respire profondément. Je n’ai encore rien fait et je suis déjà ko. Il est 18h25 lorsque la sonnerie du téléphone retentit dans la chambre, un peu étouffée par le contact avec les draps. C’est certainement Elodie qui veut savoir comment je vais depuis tout à l’heure. J’attrape l’appareil, plutôt sûr de mon intuition ; une intuition pourtant destinée à être démentie, car le petit écran n’affiche pas du tout ce à quoi je m’attendais : il n’y a pas de nom, ce n’est qu’une succession de dix chiffres, c’est un numéro qui n’est pas dans mon répertoire. Enfin, il ne l’est plus ; oui, mon cœur a des ratés lorsque je reconnais le contact que j’avais effacé de la mémoire du tel quelques semaines plus tôt (avec tous les échanges d’sms liés), mais certainement pas effacé de la mienne, de mémoire. Dix chiffres si familiers, dix chiffres qui m’assomment comme un coup de massue, qui ravivent un chagrin toujours si vif. Je reconnais le numéro de Jérém et tout remonte en moi, un désir violent de le revoir, accompagné d’une nouvelle flambée de colère et de jalousie tout aussi violente. J’ai envie de répondre, mais je n’ai pas le cran de répondre. Je suis comme tétanisé. La sonnerie finit par s’arrêter. J’ai l’impression que je vais faire un malaise. Que mon cœur va exploser, et mes poumons avec. Je suis en nage, j’ai du mal à respirer. Je reste allongé, immobile pendant un long moment. J’attends de voir s’il laisse un message, partagé entre l’envie et la crainte d’entendre sa voix. ...
    ... J’attends une minute, deux minutes dix minutes : aucun message ne vient. J’ai besoin d’ouvrir la liste des appels récents pour me convaincre que je n’ai pas rêvé : non, je n’ai pas rêvé, c’est bien son numéro. Pendant un instant, j’envisage la possibilité de le rappeler. Je n’y arrive pas. Pourquoi il m’appelle ? Après le dîner, je sors faire un tour en ville pour me changer les idées. J’ai envie de le rappeler, mais je n’y arrive toujours pas. 20h15. Je marche sur les quais du côté de la Daurade, lorsque le portable vibre dans ma poche. J’ai des sueurs froides à l’idée de lire le message qui vient d’arriver. « Coucou mon cousin, je pense très fort à toi ! ». Si Elodie n’existait pas, il faudrait l’inventer. « Merci ma cousine, tu es adorable ». Je range mon téléphone dans ma poche et je reprends ma respiration. Je descends à la Garonne et je marche au bord de l’eau. L’automne est bien là, il n’est même pas 20h30 et le jour commence à décliner ; l’air est frais, et il y a beaucoup moins de monde sur les quais que pendant les chaudes soirées estivales. Je n’ai pas fait cent mètres, que je sens à nouveau mon téléphone vibrer dans ma poche. C’est une vibration répétée, c’est le signal d’un coup de fil. Je prends une bonne inspiration et je me saisis de l’appareil. Je regarde le petit écran et je suis assommé. La même séquence de chiffres que deux heures plus tôt, la même panique dans ma tête et dans mon cœur. Je laisse vibrer. J’ai l’impression que tout mon corps vibre avec. Puis, ...