1. 0202 Colère, regrets, remords, coup de fil et vent d’Autan.


    Datte: 04/11/2017, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... certainement à la toute dernière secousse, je finis par décrocher, le cœur dans la gorge, le souffle coupé. « A… a… allo ? » je bégaie, dans un état presque second. « Nico… ». Sa voix. Sa voix de mec. Cette vibration sensuelle et virile. Accompagné d’un petite hésitation inédite. « Oui… » je lui réponds. « C’est moi… ». C’est la première fois qu’il m’appelle, et je crois que je ne vais pas survivre à cela. « Je sais… ». J’ai envie de pleurer. Pourtant, même si le geste de Jérém me touche infinimment, je ne peux m’empêcher de me montrer distant. Je suis heureux d’entendre sa voix, mais sa voix me renvoie aussi à de mauvais souvenirs, une capote qui vole, un poing dans la gueule, des mots blessants comme des lames. J’entends sa voix et tout remonte, le bon et le mauvais. Et le mauvais, ça fait un mal de chien. « Tu vas bien ? ». « Oui… » je lâche, le cœur qui secoue ma poitrine de fond en comble. « Ça me fait plaisir… ». Silence assourdissant. Je regarde la silhouette massive du Pont Neuf qui se dresse devant moi, et je me demande si j’ai bien fait à décrocher. Je me sens comme en apnée, dans ma tête tout se bouscule, c’est un bazar monstre. « Je voulais savoir comment tu allais… « Je vais bien, je vais bien… et toi ? ». « Je vais bien moi aussi… ». Nouveau silence de part et d’autre. C’est désormais sur l’ancien Hôpital Militaire de la Grave avec son dôme imposant que je laisse de poser mon regard, tout en me demandant si je vais craquer ou pas. « T’as eu ton permis ? » il me ...
    ... lance de but en blanc. « Oui, je l’ai eu la semaine dernière… ». « T’as une voiture ? ». « Pourquoi ? ». Décidemment, je n’arrive pas à me sortir de cette attitude sur la défensive. « Je me disais que si tu avais ton permis… et une voiture… » il hésite. « Quoi ? » je m’impatiente. « Ça me ferait plaisir de… » il hésite à nouveau. « De quoi ? ». « De te voir ce week-end… ». « T’es sérieux ? ». « Oui, Nico… ». « T’es où ? ». « A Campan… dans la maison de mon papi… ». Silence de ma part, le cœur va exploser. Ou alors, il a déjà explosé. Je marche sur le bord du quai, je regarde l’eau du fleuve dans lesquelles les lumières du soir commencent à se réfléchir. J’a besoin de m’arrêter, de m’asseoir. Ce coup de fil est tellement soudain, inattendu que j’en tremble, j’en perds tous mes moyens ; et cette proposition est, elle aussi, trop soudaine, trop rapide : je n’ai pas le temps de réaliser ce que je suis en train de vivre, je me sens comme un lapin pris dans les phares d’une voiture. « Nico… ». « C’est où ça ? » j’essaie de gagner du temps. « Dans les Hautes-Pyrénées, à côté de Bagnères-de-Bigorre… ». « Qu’est-ce que tu fous là-bas ? ». « Je traîne, je récupère… ». « Tu t’es remis de ton accident ? ». « Moi je pense que oui… ». « Tu pars quand à Paris ? ». « Quand le médecin me donnera le feu vert… je dois passer des visites médicales à la fin du mois… ». Nouveau silence. « Tu es toujours sur Toulouse ? » il finit par me relancer. « Oui… ». « Tu pars quand à Bordeaux ? ». « Dans 10 ...