1. Un petit café ? Une petite soupe ?


    Datte: 29/05/2021, Catégories: fh, amour, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme nopéné, exercice, mélo, portrait,

    Il n’est pas beau, Fernand ? Ça dépend de quel point de vue on se place. Pas vraiment grand. Dans la moyenne, plutôt. Un peu rougeaud. Il faut dire que c’est l’hiver, en plein dans les grands froids. Le ventre de la cinquantaine, un peu… enfin plus que la moyenne des autres hommes de son âge. Des habits pas très soignés et un bouton qui manque au col de sa chemise en flanelle pas très neuve. Ça le gêne ? Bof ! Et la déchirure sur le côté, alors ? Un accroc pas bien grave, fait au printemps dernier, ou alors l’autre, celui d’avant. La déchirure, on ne la voit pas, quand même ? Nooon ! Les blousons sont faits aussi pour ça : cacher les déchirures pour ne pas voir les accrocs ; ceux du tissu, en tout cas. Et bientôt il aura le pull bien chaud que lui tricote la Fernande. Pas très coordonné à son pantalon de velours côtelé. Le chic, c’est pas son truc. Mais il est propre, tellement propre sur lui, cet homme, de la peau jusqu’au-dedans, qu’en définitif on s’en fiche du trop, du pas trop ou du pas assez ceci et des moyennes. Ça, c’est réservé à ceux qui jugent, à ceux qui pensent, à ceux qui ont envie d’y réfléchir. Eh bien lui, Fernand, il n’a ni l’envie ni son temps à perdre avec tout ça. Et puis d’abord, il s’en fiche, parce que ça fait longtemps qu’il sait faire avec. Parce que c’est comme ça dans sa vie à lui, et sans doute pas dans celle des autres. —oooOooo— Il est assis sur les marches de pierres blanches rarement désherbées, sur la rive droite du pont Mirabeau, à Paris. ...
    ... Il a son cabas qu’il place derrière son dos pour bien se caler. C’est ça, le confort ! Il y a la plaque de Guillaume Apollinaire juste un peu plus haut qui dit cela : C’est leur petit coin d’amoureux et ils y viennent tous les après-midi d’hiver. Il regarde Fernande, assise à ses côtés dans une envie de tout de suite pour voir comme elle est belle ; belle pour lui, belle parce que ce sont ses yeux à lui qui la regardent. Gironde à cinquante ans, avec de jolies cuisses bien rondes et des lolos ! Vindiou ! comme ils disent en Lorraine d’où il vient. Pour ça, elle a de sacrés lolos, sa Fernande ! — Oh ! Tu es où, là ? Hein ? Parti encore à rêvasser.— Mais non ! Où tu vas chercher ça ?— Bin, tu as arrêté d’enrouler la laine pour finir la pelote pendant que je détricote le pull vert. Tu es toujours d’accord pour que la prochaine bande de ton pull soit verte, hein ? Parce que sinon, il y a encore le bleu à détricoter.— Comme tu veux, Fernande.— Mais non, c’est toi qui dois vouloir.— Va pour le vert. Je finis d’embobiner vite fait et après on s’arrête. Avec plusieurs pulls qu’elle défait patiemment, elle lui en retricote un à sa taille, bien plus joli, avec des bandes de différentes couleurs. Ça fait déjà un bout de temps qu’elle est dessus, mais ça avance ; ça avance et il l’aide. C’est bien d’être ensemble. Ils sont bien, là, tous les deux, assis sur les marches. Et puis aujourd’hui c’est le grand confort : ils ont trouvé un carton épais pour mettre sous leurs fesses. C’est le ...
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