1. Un petit café ? Une petite soupe ?


    Datte: 29/05/2021, Catégories: fh, amour, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme nopéné, exercice, mélo, portrait,

    ... bonheur tous les deux, depuis déjà… bin… ça alors, il ne sait plus trop ! Il s’interroge : <i]> Ça fait combien de temps, déjà ? ». Ne pas se souvenir, ça c’est pas possible. Il y a des choses qui sont importantes pour Fernand, comme de savoir le nombre d’années, à se sourire elle et lui, à se faire de la tendresse, à lui donner une caresse sur la joue de sa main rugueuse, celle des gens de dehors. Il en a fait des centaines, de ses petits bisous affectueux qu’il a déposés sur le cou grassouillet de la femme qu’il aime tant. Pour le lui dire et aussi pour la faire rire ! Et là, c’est pas difficile : le simple souffle dans son cou quand il approche ses lèvres souvent gercées suffit. Et elle part dans des rires qui roulent au fond de sa gorge, entrecoupés d’un « Allez, arrête un peu mon grand fada, tu me chatouilles ! ». Il aime bien l’entendre l’appeler « mon grand fada », un mot de chez elle, le sud de la France, là où il y a du soleil pour empêcher les moins dix degrés d’hiver. Pas comme ici. Mais c’est loin le midi, et il sait qu’il ne l’emmènera pas là-bas. Tant-pis. « Au fait, je pensais à quoi au départ ? » se demande Fernand.« Ah oui, je me souviens ! Combien d’années ensemble, la Fernande et moi ? J’ai oublié, mais je sais encore compter ! Autant regarder dans l’album ». Il pose la pelote qui ne tourne plus dans sa main depuis un moment déjà. Et c’est là qu’il voit que Fernande le regarde avec un sourire indulgent et plein d’amour. — Ça y est, tu es revenu ?— J’ai pas ...
    ... bougé !— Tu sais bien de quoi je parle, fais pas le fada.— Je me demandais combien d’années ça fait qu’on est ensemble. Tu sais, toi ?— Plus trop. On n’a qu’à regarder dans le livre.— C’est justement ce que j’allais faire. Il prend son cabas qui est derrière son dos et il en sort un vieil album photo, sans photos. Ils n’en ont plus. Alors, pour se souvenir, ils se sont dit qu’ils les remplaceraient par des ailes de papillons. Un papillon par mois, pour continuer à compter, parce que c’est important. Et ils font cela depuis le premier mois où ils se sont rencontrés après un « malade, plus de boulot, plus d’argent, plus de maison ». Le « plus de famille », ils l’avaient déjà ; alors, le plus beau de tout, c’est devenu « eux deux », main dans la main au milieu de Paris, la ville lumière. Ils ont coquiné aux beaux jours, dans les parcs publics qui restent ouverts la nuit, dans les renfoncements d’immeubles, dans les ascenseurs, suspendus entre le plafond et la terre. Sous les halls d’entrée des petits supermarchés de quartier, ceux dont ils ne connaissent le dedans que pour la clim’ en été et le chauffage l’hiver, là où les gens disent que la qualité ça vaut des fois mieux que la quantité. Mais l’amour, ça se mange avec le cœur ; alors, à l’heure des câlins, les vitrines comme ça, ils ne les regardent pas, parce qu’en définitive, ils ne manquent pas du principal. De l’amour avec les yeux, ça ils l’ont fait beaucoup, souvent, au milieu des autres qui ne voyaient rien. Et il y en a ...
«1234...»