Un petit café ? Une petite soupe ?
Datte: 29/05/2021,
Catégories:
fh,
amour,
cérébral,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
nopéné,
exercice,
mélo,
portrait,
... dire. Elle fait face à la Seine, la dame de bronze. Il sourit. C’est dur, mais il sourit quand même, en pensant que la vie c’est comme ça, et que la statue est comme sa Fernande.« Tu ne pourras pas, belle femme, même tournée vers l’amont, comme si tu voulais remonter le cours de l’eau ; non, tu ne pourras pas revenir en arrière… ». C’est vrai qu’il est particulier, le pont Mirabeau, avec ses deux piles représentant deux bateaux. Celui près de la rive Droite descend la Seine, tandis que l’autre sur la rive Gauche semble lutter contre le courant pour remonter le fleuve. On ne voit que les extrémités des navires où sont embarquées quatre sculptures en bronze de femmes nues naviguant deux par deux. Les nymphes installées à la proue emmènent l’embarcation droit devant et font face à la Seine : « La Ville de Paris » sur la rive Droite, « L’Abondance » sur la rive Gauche. Sur l’arrière des bateaux (la poupe), les statues tournent le dos à la Seine ; « La Navigation » vogue sur la rive Droite, et « Le Commerce » fait de même sur la rive Gauche. Ils aiment tellement ce pont, l’un des plus beaux de Paris d’après les autres ; mais pour eux, il n’y en a pas de plus beau et ils ne se lassent pas de venir lui dire un petit bonjour chaque après-midi d’hiver. Car elles sont comme eux, les statues, à faire des voyages sans bouger, autant que les ailes des papillons. Mais Fernand, aujourd’hui, n’est pas venu que pour admirer une fois de plus leur chère statue : non, il a à faire. Le voilà qui ...
... regarde à présent les cimes des arbres pour voir le sens du vent. Il y en a, tant mieux ! Il bouge un peu à droite, se déplace un peu plus à gauche. Il recule. Non, c’est de trop. Il avance d’un pas. Là, c’est bien, juste là ! Pour s’en convaincre, il mouille de salive son index et redresse son bras bien droit, face au vent. Le côté de son doigt sèche très vite juste où il faut. Il pose la boîte en métal à ses pieds, leur boîte. Il l’ouvre, il y plonge sa main et touche les ailes, les mélange, mais pas trop, comme s’il voulait en aérer le contenu pour faire une transition avec le vent de dehors, celui des grands froids. Puis il les prend toutes, jusqu’à celles du fond qui sont enfermées dans la boîte depuis bien longtemps. Il lève les bras au ciel, comme lorsqu’on veut faire envoler une colombe, puis il donne une pulsion à ses mains en les ouvrant en grand, comme lorsqu’on lâche la colombe pour l’aider à prendre son envol. Les ailes des papillons sont emportées par le vent. C’est beau de les voir arriver juste sur la statue. C’est ça qu’il voulait : une envolée jusque là-bas. Sur ses pieds, sur son bras tendu qui tient la grande trompette ; c’est comme ça qu’il l’appelle : la grande trompette. Les chanceux se posent sur ses seins. Pas mal, la poitrine de la statue ; mais vraiment pas mieux que les lolos de Fernande, c’est sûr ! Voilà, c’est fait. C’est comme ça qu’elle voulait que ce soit fait. Elle lui a demandé : « Mon Fernand, va faire envoler les ailes de nos papillons, ...