La reine des fourmis - Histoires de Sexe

La reine des fourmis

... ailleurs. Plus frais, plus jeune. Moi, je ne cherche ni la fraîcheur ni la jeunesse. J’ai besoin d’autre chose. Comment t’expliquer ? C’est délicat. Il affiche un sourire bienveillant. — Tu as mis un mouchoir sur tes appétits sexuels parce qu’ils étaient aux antipodes de ton éducation et de son éthique amoureuse. Pour toi, l’amour vêtu de probité et de lin blanc comptait plus que tout et méritait bien d’ensevelir tes désirs cachés. Seulement voilà, on a beau être exigeant envers soi-même, il y a des choses au plus profond de soi qui reviennent un jour ou l’autre à la surface. Voilà ce qui t’arrive. Je me trompe ?— Non, c’est sûrement ça… Elle adopte un ton prudent mais elle est impressionnée par sa perspicacité. Comme prévu, il a vu juste. C’est pour ça qu’elle a voulu le voir. Qu’ils disent à deux voix ce qu’elle ne peut dire toute seule. Pour l’aider, il faut qu’il lui pose quelques questions. — Ça fait longtemps que tu réfrènes tes désirs ? Elle rougit, se ressert du champagne. D’ici peu il va devoir en ouvrir une autre. — Oui ! Dès l’adolescence, j’ai eu en tête toutes sortes de fantasmes, mais toujours en présence de mon prince charmant. Peut-être pour me donner bonne conscience, en fin de compte. Dans la réalité, j’ai compris que ça ne se passait pas comme ça. Le prince charmant, quand il existe, reste tout à fait charmant mais il ignore forcément mes besoins inavoués. Alors j’ai dû faire un choix et j’ai enfoui mes désirs secrets, comme tu dis. L’enquête a pas mal ...

... progressé ! « Besoins inavoués », « fantasmes », « désirs secrets ». Voilà des mots qui en disent long. Lui qui la considérait comme une pimbêche, il doit avouer qu’elle a bien caché son jeu. Il meurt maintenant d’envie d’en savoir plus. — Donc, pour toi aussi, faire l’amour ne se résume pas à jouer à papa-maman au lit !— Attention, ne t’imagine pas que je suis comme toi ! Je ne suis pas du genre à me fourvoyer dans des boîtes à partouzes glauques, moi !— Merci pour le compliment.— Excuse-moi, ce n’est pas ce que je voulais dire… En fait, je serais prête à franchir le pas si je ne culpabilisais pas à mort.— Ça te taraude tant que ça ?— Oui. J’ai vraiment besoin de me lâcher et j’ai l’impression que c’est maintenant ou jamais. L’amour et le sexe sont complémentaires mais jusqu’à une certaine limite en ce qui me concerne. C’est comme ça, je n’y peux rien. Et il y a des choses que je ne peux pas faire avec mon mari, ni même avec mon amant. Je n’en ai aucune envie, d’ailleurs. Alors il faut que je m’adonne à mes désirs comme je l’entends parce que si je ne fais rien je vais me dessécher sur pied. J’espère ensuite retrouver mon mari comme avant. Tu comprends pourquoi je ne dis ça qu’à toi ?— Évidemment. C’est au diable qu’on confesse ses pires péchés. Il retient son souffle, n’osant croire à ce qu’il risque d’entendre. — Mais tu es prête à quoi, au juste ? Elle rougit encore et fuit son regard. — À pas mal de choses…— Ça ne me parle pas. Tu cherches des situations variées, c’est ça ? ...