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Mon enfer (5)
Datte: 12/11/2017, Catégories: Divers,
... des années en arrière. Je ne m’en réjouis nullement. Le type en uniforme bleu à qui je remets ma convocation me fait patienter. Du banc ou j’ai pris place, je le vois qui manipule son téléphone. D’un geste il me fait signe et me donne un itinéraire que je n’écoute pas, parce que trop inquiète. Je pars tout de même dans la direction qu’il m’a indiquée et je me paume dans ce labyrinthe de portes. Une femme sans âge me guide vers celle où un homme relativement jeune me reçoit. Il est poli, courtois, ça, ça me change de la précédente fois… et il me fait asseoir face à lui. Un énorme dossier vient s’ouvrir sur son bureau. Il examine lentement quelques pièces, puis me jette un coup d’œil que je juge… bienveillant. — Madame Claude C… ? — Oui, vous avez ma pièce d’identité. — Oui, oui ! Mais détendez-vous… nous avons à parler… — Écoutez… une fois déjà j’ai eu à discuter avec des uniformes et j’ai le souvenir que de nombreuses années de ma vie sont passées à la trappe, si vous voyez ce que je veux vous dire… — Je saisis parfaitement ! Mais nous devons quand même revenir sur ce sujet. Est-ce que le nom de Michaux vous rappelle quelque chose ? — Je pense que c’était un ami de mon mari ! Mais c’est vieux tout cela. — Et cet homme vous l’avez revu depuis… votre élargissement ? — Je n’ai revu en fait que le fils de mon conseil et encore parce qu’il me l’avait demandé. Sinon, je veux rester loin de toute cette affaire. — Et si je vous disais que nous avons… enfin… j’ai de bonnes raisons ...
... de vous croire quand vous assuriez lors d’interrogatoires que vous ne saviez rien de cette histoire, que vous n’étiez pour rien dans le meurtre de votre mari… Je regarde le type, l’extraterrestre qui me fait face. Qu’est-ce qu’il me veut encore celui-là ? J’ai pourtant payé cher le droit à une liberté que l’on m’a volé et le voici qui remet sur le tapis cette… monstruosité à laquelle je me défends de repenser. — J’ai tiré un trait sur cette partie de ma vie. Un trait rouge sang, un trait de larmes et je ne sais plus quoi vous dire. Vous avez aussi tout loisir de reprendre les minutes de la cour d’assises… puisque notre bon peuple a décidé que je devais payer… pour cette mort ! Je ne vois pas ce que je fais ici. — Nous avons de bonnes raisons de penser qu’un fait nouveau est arrivé et qu’il remet en cause votre prétendue culpabilité… — Ah ? Bon Prince alors ! Un autre juge daigne fouiller dans ce passé si douloureux pour moi ? Je ne veux plus parler de rien, je crois qu’en France on ne peut pas me condamner deux fois pour le même crime ! — C’est sûr, mais on peut quand même vous innocenter et vous indemniser de ces moments gâchés. — Et tout l’argent du monde ne va pas ramener mon mari ! Alors, posez-moi vos questions et laissez-moi oublier cette affaire. — Dites-moi ce que vous savez de ce… Michaux ! — Je ne le connais que par son prénom ! Michel… mon mari l’appelait Jules et ils étaient en affaires, mais c’est tout ce que j’en sais ! Je me souviens surtout qu’il a largement ...