1. Mon enfer (5)


    Datte: 12/11/2017, Catégories: Divers,

    ... contribué à me faire croupir en prison durant des années. Son témoignage a été capital pour les jurés. — Il vient de mourir d’un cancer et… ben : tenez lisez vous-même… pas de secret entre nous. Je suis de bonne foi ! L’homme à qui je donnerais entre trente-cinq et quarante-ans, me tend une lettre manuscrite. Je ne reconnais pas l’écriture, mais dès les premières lignes je sens qu’il s’agit d’une confession. À plusieurs reprises mon prénom ainsi que mon nom sont cités. Il déballe des vérités qui rapportent des faits. En large, en long et en travers, il atteste sur son honneur, mais que vaut celui-ci compte tenu de ses dires devant témoins au tribunal, il déclare donc avoir menti pour protéger un ami commun à Michel et à lui. Un certain Albert, dont le prénom revient souvent dans la lettre. Ce déballage met en cause cet Albert qui aurait, c’est écrit noir sur blanc, fait pression sur le signataire du courrier pour que je sois accusée. Je lis ces mots, avec la main qui tremble, mes yeux se couvrent d’une fine buée. Le policier me fixe sans état d’âme particulier, suivant tous mes faits et gestes, analysant en profondeur mon comportement. Je me demande pourquoi ce salaud de Michaux m’a ainsi démolie, sachant parfaitement que je n’avais rien à voir dans ce crime odieux. Même la peur que l’on détruise votre famille ne donne à personne le droit de sacrifier la vie des autres. Je repousse la lettre placée sous plastique, et j’attends la suite des évènements. — Vous devriez voir ...
    ... avec votre conseil… Avec ce papelard il devrait pouvoir vous faire réhabiliter. — Et ça m’avancerait à quoi ? À revenir sur ces moments tellement douloureux que mon esprit veut à tout prix les effacer ? Puis vous croyez qu’un peu d’argent va me redonner les années de galères, de fouilles, de privations, d’humiliation ? Vous y croyez vraiment ? — Non… non bien sûr ! Mais un casier judiciaire sans tâche… — Que voulez-vous que ça me foute ? J’ai ma conscience et celle-là est plus propre que toutes celles de ceux qui ont fait cela, mais sans aucun doute également plus nette que celles des gens qui m’ont condamnée. C’est sans doute à eux qu’il faut dire qu’ils se sont trompés ! — De toute manière nous allons appréhender ce Jules… vous serez amenée à revenir… nous voir. — Et si je ne veux pas moi ? Si je veux ne plus jamais parler de cette époque révolue de ma misérable vie ? Hein ? Tout le monde s’en fiche, que je sois de nouveau broyée, trainée dans la boue, parce qu’il se trouvera quand même encore des cons pour penser que c’est une invention de ma part, qu’il n’y a pas de fumée sans feu, vous connaissez la chanson… — Oui ! Je sais bien… mais je vous demande juste d’y réfléchir… vous voulez bien ? Nous en reparlerons dans quelques jours ? — Je hais ces gens… vous ne pouvez pas savoir à quel point ! Je hais aussi tous les uniformes du monde, bleu ou vert… j’ai cette haine viscérale plantée là, en moi. — Alors nous nous reverrons en dehors de nos locaux si vous le permettez, ça ...