L'ermite (4)
Datte: 06/08/2021,
Catégories:
Hétéro
La séparation avait été brutale : l’expert de l’assurance avait déclaré Titine bonne pour la casse, le garagiste avait prêté un véhicule de remplacement ; une fois de retour chez l’ermite, pas de trace de lui, mais mes valises prêtes ; le sauvage ne voulait certainement pas souffrir inutilement, à moins que ce ne soit l’habituelle lâcheté des mâles. Le voyage jusqu’à chez Julie avait été un cauchemar, la tête comme dans un étau, le cœur au bord des lèvres. — --------------- Trois jours. Trois jours depuis mon départ. Trois jours à soutenir Julie, à tenter de penser à autre chose que lui. Trois jours de souffrance, de vide immense, dans mon ventre, dans ma poitrine. Comme si mon cœur voulait s’extraire de moi, s’enfuir le rejoindre. Je chassai de mon esprit, pour la énième fois, les souvenirs brûlants de son corps, me reconcentrai sur Julie, ses problèmes, ses craintes, sur sa fécondité, son couple, sa dépression. Tout cela me minait, mais j’accomplissais mon job d’amie, une fois encore. Et cela me changeait un peu les idées. Comme si cela ne suffisait pas, on me harcelait au téléphone. Enfin, je ne savais pas très bien. Le premier jour, j’avais cru à une erreur. Le second, l’exacte répétition de l’heure de l’appel et le silence assourdissant m’avaient fait pencher pour un pervers quelconque. Comment il avait eu mon numéro, ça, mystère. Mais aujourd’hui, le doute s’était insinué en moi. Le silence avait fait place à un souffle, quelques instants, avant que je ne raccroche. ...
... Se pourrait-il que... ? Mon cerveau carburait à toute allure, parallélisant deux tâches difficilement compatibles : permettre à mon amie de se sentir moins mal, à coups de petites phrases rassurantes et d’assentiments, et remonter le fil de ma mémoire pour tenter de comprendre comment il avait pu avoir mon numéro. Car j’étais dorénavant intimement persuadée que c’était lui, sans en avoir la preuve. Heureusement le compagnon de Julie nous rejoignit, et réussit à me distraire pour que la journée finisse enfin. Je me couchai épuisée, et m’effondrai avant de pouvoir psychoter à nouveau. Je me réveillai au petit matin. Bien trop tôt. Avec une impression étrange. La solution était là, accessible, toute proche. Tout me semblait limpide. Au bout du fil c’était lui. L’ermite. Une soudaine vague d’émotions me submergea, me prenant par surprise. Mes ongles griffèrent les draps, tandis que je me cambrais sous l’assaut, instantanément excitée, comme téléportée en sa présence. Le silence de l’aube me semblait le sien, un courant d’air son souffle rauque, un frôlement du drap une de ses caresses, mes lèvres nues comme une promesse de baiser, mon sexe vide appelant ses pénétrations. L’activité matinale de mes hôtes me sortit heureusement de ma torpeur, et je parvins à ramper hors du lit. Telle un zombie, je zonai une bonne partie de la matinée, incapable de me concentrer, marmonnant quelques réponses vides de sens à une Julie inconsciente de mon absence, focalisée sur ses soucis. Je savais ...