Le bouclier massaï
Datte: 12/08/2021,
Catégories:
ff,
frousses,
nopéné,
humour,
sorcelleri,
québec,
... avant de disparaître rapidement vers Côte-des-Neiges en emportant la précieuse lance massaï avec elle. Je n’y croyais pas, ce gars-là m’en voulait vraiment pour se planquer là et m’attendre comme un idiot. Il fallait que je rappelle Tahina et qu’on règle ça, mais pas maintenant. Il y avait quand même deux jolies filles nues qui m’attendaient. Je touchai mon visage encore poisseux d’alcool toujours pas mauvais et priai pour que la protection du gri-gri fonctionnât toujours. Je n’avais pas envie de me retaper une Maima-Kali à 225 $ Je me sentis tout drôle en refermant la grille tout en jurant, la tête me tournait et j’avais l’impression d’être complètement ivre. Mes genoux ramollirent, je voulus m’agripper à la barrière, mais je basculai sur le dos sur un parterre de fleurs mortes, bras en croix. Des pétales desséchés s’envolèrent pour retomber doucement sur mon visage tandis que je fixais la pleine lune et l’étoile du nord sans pouvoir cligner des yeux ni même bouger un doigt. Jamais je n’avais eu aussi froid de toute ma vie. Après ce qui me parut une éternité, Marie et Pierrette arrivèrent en courant, catastrophées et rhabillées. Je les entendais à peine, les sons semblaient sortir d’un long tunnel et je les apercevais comme dans un miroir déformant. Marie avec une tête géante et des seins de deux pieds de long me fit un massage cardiaque pendant que Pierrette avec des jambes comme des échasses et une tête conique disparaissait vers la maison, puis ma blonde me pinça le ...
... nez pour me souffler de l’air dans la bouche. Je ne voyais que de gros yeux globuleux. Mais qu’est-ce qui les prenait, à ces deux-là ? Une petite absence. Marie avec une face à la Jérôme Bosh qui m’embrassait en pleurant et Pierrette sur le téléphone. Cette fois, elle ressemblait à une déesse mère préhistorique. Une autre absence. Un gros ambulancier barbu qui regardait mon gri-gri en grimaçant avec sa face géante qui passait du bleu au rouge sous la lune. Marie et Pierrette pleuraient dans les bras l’une de l’autre devant des policiers, des voisins et des tas de photographes et de cameramen, tous plus bizarres les uns que les autres. Des flashes crépitaient de toute part. Je voulus fermer les yeux, mais rien à faire. Un des policiers admirait un bouclier africain le montrant à un collègue mince comme un fil tandis qu’un curieux leur amenait une lance qui semblait toucher la lune. Encore une absence. Je sentis vaguement un fort courant électrique me traverser le corps et un autre et encore. Absence prolongée. Je ne voyais plus rien, mais j’avais l’impression d’être dans un véhicule en marche. Quelqu’un avait dû me fermer les paupières et j’entendis vaguement : — Non, rien à faire, il est décédé. Oui ! C’est ça. Chez Marie Lemieux en personne. Ouais, très jolie en petite robe de soirée, pas de brass… « Décédé ? Comment ça, décédé ? Je suis pas… mort… je… je suis… vivant. Marie… Ma… » Ma petite lumière s’éteignit. Je revins à moi dans le noir et frigorifié, je me mis à trembler ...