1. Montségur


    Datte: 13/08/2021, Catégories: fh, jeunes, religion, pénétratio, historique, ecriv_f,

    ... pouvait rien de plus pour elle. Elle voulait qu’il revienne. Elle l’aurait, sans cela, agoni d’injures. Elle posait maintenant les mains sur le ventre brûlant de la mauresque. Elle se mentait à elle-même, et n’y croyait pas. Le froid se faisait plus vif, la peur, plus grande. Combien de temps allaient-ils rester là ? Le cliquetis des armes les poursuivaient jour et nuit. Il faillait maintenant faire fondre la glace avant de pouvoir boire. Autour d’elle Eudeline voyait des visages gris, comme usés, et elle portait ses mains à ses joues, effrayée. Etait-elle, elle aussi, vieillie avant l’heure ? La Noël arrivait, la triste Noël. La veillée de prière fut longue, presque tous y participèrent. Il n’y aurait pas d’attaque cette nuit. Eudeline ne quittait pas Guillaume des yeux. Il était amaigri, et semblait plus adulte ainsi. Un feu sourd couvait au fond de ses yeux, comme une fièvre. Cet éclat attirait la jeune fille, lui donnait l’envie de se jeter contre lui. — La barbacane ! Tous sursautèrent. La barbacane était le seul point d’accès au mur naturel. Elle était imprenable. Pourquoi crier ainsi ? — La barbacane ! Des soldats saisirent leurs armes. Ils se gênaient mutuellement, poussaient des jurons. Il y eut d’autres cris. — La première enceinte !— Le village !— Le silo, le silo ! Un capitaine alla aux nouvelles. Sa voix grave résonna par-dessus l’assemblée — Ils n’ont pas atteint la première enceinte, mais ils peuvent y arriver. Nous devons rapatrier le contenu du silo. Un ...
    ... silence se fit. — Il faut plutôt se battre !— Oui, il faut se battre ! Le capitaine repris — Il faut raisonner notre défense. Nous devons parer à tout. Une dizaine d’hommes se dirigeaient vers la porte. Guillaume en était. Eudeline leur emboîta le pas. On voulut l’arrêter, elle rétorqua : — Vous avez besoin de bras, j’en ai. Elle était si déterminée qu’on la laissa passer. Elle rejoignit le jeune homme. — Je ne veux pas que tu descendes, lui dit-il.— Je reste, et je resterais avec toi tant que le silo ne sera pas vide. En réponse, Guillaume allongea le pas. Mais Eudeline s’était endurcie en montant et descendant les sentiers du pog. Elle aurait pu le précéder si elle l’avait voulu. Elle connaissait le bas comme sa poche, et dans l’obscurité elle les guida. Les échos de la bataille leur parvenaient, encore lointains. Il firent un voyage, puis deux, chargé du grain qu’il fallait mettre en sac avant de monter. Pour aller plus vite, on ne s’attendait plus. Seule Eudeline s’accrochait à Guillaume, et le jeune homme commençait à trouver sa présence rassurante. On criait en se croisant les nouvelles du combat. Ça ne s’annonçait pas bien. Au troisième voyage, on cria — Le mur ! Eudeline et Guillaume pressèrent encore le pas. L’air gelé leur brûlait les poumons. Il ne furent pas assez rapide. Les soudards n’étaient pas nombreux, mais ils leurs coupaient la route. La jeune fille, lâchant son chargement, tira l’homme par la manche. — Viens ! Souffla t’elle. Non, pas par là. Dans la cave, ...
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