1. Carole W.


    Datte: 24/08/2021, Catégories: fh, Oral pénétratio, confession,

    Sous la terne lumière de ma lampe économique, voici à quoi ressemble mon salon : un parquet de chêne décati et du papier peint qui commence à se décoller par endroits, dans un ton vert olive. Autre curiosité préhistorique : mon long canapé trois places en cuir vert bouteille sans pieds, sillonné de profondes rides, et même déchiré en trois endroits (des ouvertures de deux à trois centimètres dans des constellations de plis). Lui font face, comme dans une sorte d’affrontement, deux fauteuils Louis XV aux tons bordeaux et doré, en complète désharmonie. Entre eux, une table basse : des pieds en acajou et un plateau en verre parsemés de magazines et quelques livres de poche, à peine aperçoit-on dans le tas la télécommande blanche de la télé Thomson, réfugiée dans le coin d’un petit meuble aux pieds bas. Image basse définition et contraste dégueulasse, cela fait deux ans que le rouge est en panne et plusieurs touches de la télécommande ne fonctionnent plus. Seule « délicatesse » dans cet espace de vingt-trois mètres carrés, un original qui peut avoir une certaine valeur, il m’a été offert par mes copains lors de mon installation, il y a plus de vingt ans, quand j’avais encore une vie sociale (depuis je ne les vois presque plus). C’est le portrait d’une femme nue qui prend sa douche en se frottant les fesses avec un gant de crin. Elle est ronde, tellement ronde qu’elle remplit toute la toile, avec des petites mains et d’énormes hanches, mais ce n’est pas un Botero. Je n’ai ...
    ... jamais vraiment aimé ce tableau, ni sa nana, mais elle est devenue une pièce essentielle de mon petit microcosme. Tous les matins je lui dis bonjour. J’ai oublié la fenêtre qui donne sur cour. Sans rideaux, elle s’ouvre jusqu’au plafond. Faite de deux battants métalliques avec des fines lamelles qui laissent passer le jour, elle est fermée. Je fais les quelques pas qui mènent à la chambre de six mètres carrés, je jette mon cartable au passage sur le canapé et je vais me jeter sur le lit japonais sur un cadre en imitation noyer. Je vérifie l’heure sur ma fausse Rolex, je peux souffler un quart d’heure avant d’aller rejoindre Jacques au Léon de Bruxelles de Montparnasse. Ce soir, il va me présenter Carole W. une de ses nombreuses connaissances dont j’ai énormément besoin. --oooOOOOooo-- Sur le chemin, je jette une pièce d’un euro à un clochard recroquevillé devant la grand-porte d’un immeuble du boulevard Montparnasse. Il tient d’une main une pancarte de carton brun :J’AI FAIM. Il laisse voir ses pieds boursouflés, nus dans le froid de janvier, des ongles durcis incrustés dans la chair rouge labourée, étonnant qu’il ait pu échapper à la vague de décès des sans-abris de décembre. Au restaurant, je trouve Jacques qui m’attend seul. — T’as que trois minutes de retard, me dit-il, tu fais des efforts.— Elle arrive quand ? lui dis-je avec impatience, acculé par l’enjeu que cette nana représente pour moi. Jacques, parfaitement au courant, fait un petit sourire pour me calmer. — Dans une ...
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