1. Les vieux messieurs indignes...


    Datte: 16/11/2017, Catégories: prost, init, méthode,

    ... dignes dans un cercle connu et reconnu, de les stabiliser. Quelques-unes étaient délibérément choisies pour leur attractivité sexuelle. Elles n’étaient utilisées que pour faire l’amour - pour la bagatelle, disait-on. Et les mœurs de l’époque les désignaient à la vindicte populaire en les traitant de « gourgandines » et de « demi-mondaines ». C’étaient des femmes qui n’inspiraient que peu de respect, seulement de l’envie. Souvent, les maîtresses étaient partagées avec de plus puissants ou des égaux, voire échangées. Ce trafic permettait à tout un chacun d’agrandir son réseau relationnel, de s’ouvrir les portes des maisons de crédits et des banques, les antichambres des pouvoirs locaux et nationaux. Ces femmes étaient quelque fois élevées au rang d’égéries, stade suprême auquel elles pouvaient aspirer - car la condition de femme mariée leur était quasiment interdite - et des plus hautes sphères de pouvoirs politiques et économiques à la bourgeoisie de province, chacun tentait de copier, imiter et reproduire le modèle qui allait permettre de se hisser dans l’échelle sociale au moyen de ce système à la moralité douteuse, mais si pratique. Pour autant, les appétits sexuels des vieux messieurs dignes n’étaient pas toujours assouvis par les soubrettes et autre domesticité ou par leurs maîtresses et autres égéries. Aussi continuaient-ils à vivre leurs débordements de mâles derrière les murs des maisons, dites pudiquement « de tolérance », jusqu’à leur fermeture. Là, au gré des ...
    ... arrivages, ils pouvaient parfaire leur éducation, passer leurs caprices et satisfaire à tous leurs fantasmes. Dans un univers contrôlé, tarifé, ils pouvaient tout obtenir, jusqu’au choix de l’exotisme des demoiselles qui, bien souvent, étaient forcées d’accomplir et satisfaire les désirs d’une clientèle exubérante et qui en voulait toujours plus, sous l’œil et la férule d’une patronne, aux ordres d’un ou plusieurs souteneurs. Les vieux messieurs dignes auraient pu se contenter de cette « petite vie bien rangée et organisée ». Mais non. Il leur en fallait toujours plus. Toujours plus de plaisir, toujours plus d’exotisme, toujours plus de pouvoir et d’ascendant sur les femmes. Bon nombre d’entre eux participèrent ainsi à l’expansion d’un colonialisme outrecuidant, où le viol, le droit de cuissage et les amours tarifés aux prix de la pacotille et de la verroterie les plaçaient au rang de seigneurs jouant avec leurs serfs. Et, quand l’époque de l’émancipation a sonné le glas des colonies, que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a été substitué au droit de cuissage et que la loi du marché est venue remplacer celle de l’échange, du troc de pacotilles et verroteries, les vieux messieurs dignes ont perdu leurs repères. Ils sont rentrés chez eux, espérant au moins y continuer leurs trafics. C’était sans compter avec les changements de mœurs, l’évolution de l’époque et l’avancée de l’histoire. Au sortir de la Grande Guerre, un nouveau vent de folie avait soufflé sur la société dans ...
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