1. Les vieux messieurs indignes...


    Datte: 16/11/2017, Catégories: prost, init, méthode,

    ... son ensemble. Une société largement fragilisée par la saignée ouverte, par les pertes des récentes batailles et qui avait obligé les femmes à prendre leurs responsabilités. Devant l’absence des hommes, elles avaient pris leur place, exerçaient leurs métiers et entendaient – bien légitimement – conserver leurs avantages dans la paix retrouvée. Et si les hommes avaient, durant près de quatre ans, conservé leurs visages dans la boue et les tueries, ils avaient aussi conservé l’image des femmes comme repos du guerrier, bras accueillants entre lesquels il pouvaient espérer oublier quelques instants les horreurs des tranchées, les soumettant au bon vouloir des permissions et donc rendues disponibles au grè de leurs fantaisies. Nombreux étaient aussi ceux qui connurent et goûtèrent à cette époque aux délices des amours tarifés et bon marché des premiers bordels militaires de campagne, ramenant chez eux des pratiques jusqu’alors totalement inconnues de leurs légitimes qui, en les acceptant, en les assimilant et en les pratiquant, au nom de cette folie, dans l’inconscient espoir de combler leurs hommes avant qu’il ne soit trop tard, se donnèrent ainsi un vrai pouvoir. Elles avaient osé franchir le pas qui les avait jusqu’alors distinguées des maîtresses et des demi-mondaines, voire des filles de mauvaise vie qu’elles montraient du doigt quand elles en rencontraient dans la rue. Et puis les conditions économiques avaient aussi évolué. Pas en mieux. Les effets de la Grande guerre se ...
    ... faisant ressentir dans tous les foyers, le retour à la paix avait aussi été marqué par la raréfaction du personnel domestique. Et quand ce personnel pouvait, au sein d’une maison, être pérennisé, les filles n’étaient plus aussi naïves qu’autrefois. Maintenant, elles étaient plus averties et moins accessibles. Rares étaient les maisons où les aventures intérieures devenaient tolérables et étaient tolérées. C’était enfin l’époque où la bureaucratie a réellement fait son apparition, obligeant bon nombre de jeunes femmes à embrasser une carrière de secrétaire, passant de la férule d’un père ou d’une mère, d’un patron ou d’une patronne, à celle d’un chef qui, ne pouvant plus réellement satisfaire ses envies sexuelles sous le toit de sa maison, frustré par les récits épiques des aventures extraconjugales entendus autour de lui, en profitait pour exercer son droit de cuissage sur un cheptel à ses ordres, à sa dévotion, et dont l’avancement dépendait de sa soumission. Au fur et à mesure que les femmes ont pris goût à cet espace de liberté, comprenant que la société avait besoin d’elles et de leur rôle de femmes accomplies, elles se sont empressées de le conquérir, petit à petit, grignotant de plus en plus de prérogatives et empiétant sur le terrain des femmes aux mœurs légères, qu’elles n’avaient cessées de critiquer à mi-voix et enviées dans leur for intérieur. Puis la Seconde guerre est venue parachever leur conquête, chamboulant une fois de plus - et trop rapidement pour les vieux ...
«12...456...10»