Chloé neuve
Datte: 28/08/2021,
Catégories:
f,
jeunes,
vacances,
plage,
amour,
revede,
miroir,
odeurs,
Masturbation
prememois,
... questions pratiques, peut-être leurs parents finiraient-ils par les emmener en voiture, rien n’était encore décidé. Elle imaginait Pierre, sérieux, fiable et pondéré, assis chez lui, à six cents kilomètres de là, et elle, invisible, telle qu’elle était alors dans sa clandestinité, quel regard allait-il poser sur elle quand ils se reverraient ? Pierre avait vingt ans. À un certain moment, il y avait de cela deux ou trois ans, son oncle, le père de Pierre, avait trouvé marrant de raconter qu’elle était amoureuse de lui, qu’il avait deviné son secret, et il ressortait cette histoire dès qu’il le pouvait, aux mariages et aux enterrements. Le genre de truc que l’on raconte pour taquiner les enfants, une plaisanterie innocente et facile, et quand son oncle remettait ça, souriant, vulgaire, content de lui, tout le monde s’esclaffait poliment, tout le monde sauf elle naturellement, elle se renfrognait, rougissant d’embarras et de colère, et alors les rires redoublaient, et il était arrivé qu’elle quitte la table, qu’elle aille faire un tour pour ne plus les entendre, le tout sous le regard indulgent des adultes. Ensuite les rires devenaient sourires, et les propos habituels surgissaient alors, maintenant c’est une vraie femme notre Chloé, et au fait au lycée comment ça se passe ? Qu’est-ce qu’elle veut faire ensuite ? Puis ils abordaient un autre sujet. À la longue, les facéties idiotes de son oncle avaient fait naître des questions en elle, des questions qui étaient calibrées ...
... pour survivre à l’enfance en train de mourir. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire, être amoureuse ? Pierre était comme un frère lointain, plus âgé, auquel elle pensait avec plaisir mais en termes flous, quelqu’un qui ne vivait pas en elle et dont le corps l’indifférait. À présent peut-être s’était-il mis à ressembler au jeune homme qu’elle avait surpris, l’autre nuit, en train de pleurer dans les dunes ? Ou aux garçons du lycée, aux types qui regardaient Marie-Laure à la piscine en ricanant et en se donnant des coups de coude ? Peut-être allait-elle détester ce que Pierre était devenu, ce que les années avaient fait de lui. Ils avaient raccroché ; maintenant elle avait froid. Elle remonta rapidement vers sa chambre ; il n’y avait plus aucune urgence, elle avait du temps devant elle, le lit défait qui semblait l’attendre, avec ses draps de huit jours qu’elle aurait dû changer, sa mère insistait toujours beaucoup là-dessus, mais elle ne le voulait pas, pas tout de suite. Elle aimait leur odeur un peu animale, secrète, ce qu’ils contenaient d’elle. Lorsqu’elle les mettait dans la machine, elle les regardait disparaître dans le tambour, avalés avec tout ce qu’ils recelaient, et ils disparaissaient pour ne jamais revenir, ce n’étaient pas les mêmes draps qui émergeaient tout dégoûtants de la machine, une heure plus tard, propres et neufs, impersonnels, sans âme, ils auraient pu appartenir à n’importe qui, ce n’étaient plus ceux qu’elle avait serrés contre elle, qu’elle avait ...